Gestion des toxicités des immunothérapies anti-points de contrôle immunologique : expérience d’un centre d’expertise - 16/06/22
Résumé |
Introduction |
Les inhibiteurs des points de contrôle immunologiques ou « immun checkpoint inhibiteurs » (ICIs) sont des anticorps qui peuvent produire des réponses cliniques durables et améliorer le pronostic des maladies cancéreuses. Depuis leur autorisation en 2011, leur nombre et leurs indications n’ont pas cessé de croître dans le champ de l’oncologie. Leurs effets secondaires, les réactions adverses immunologiques (RAI), sont de mieux en mieux connus et étudiés. La gestion des RAI est faite dans les services d’oncologie, de médecine interne et dans des services de spécialité en fonction de la nature des RAI et des expériences locales. Le rôle de l’interniste est important pour coordonner la gestion de ces toxicités surtout quand il existe de multiples RAI ou quand il y a des difficultés diagnostiques. L’objectif de ce travail est de rapporter l’expérience de la gestion des patients admis pour potentiels RAIs dans un service de médecine interne ayant créé un centre d’expertise dédié il y a 5 ans.
Patients et méthodes |
Les patients adultes, traités avec une immunothérapie anticancéreuse, qui ont été hospitalisés pour RAI potentiel ont été inclus. Une évaluation clinique et paraclinique était réalisée pour déterminer l’imputabilité des ICI pour le(s) symptôme(s) de chaque patient. La sévérité des RAI a été gradée selon la CTCAE (version 5). En fonction de la RAI et de sa sévérité, un traitement spécifique a été débuté. Les médianes et les valeurs extrêmes sont données.
Résultats |
Un total de 52 patients avec un âge médian de 65,5 [33–86] ans ont été admis. 79 % (n=41) des patients étaient adressés par le centre cancéreux de proximité. La durée médiane d’hospitalisation était de 7 [1–100] jours. Dix sept patients avaient un cancer pulmonaire, quatorze un cancer urologique, neuf un mélanome et treize un autre type de cancer (digestif, ORL, gynécologique ou sarcome). Une patiente avait un cancer pulmonaire et un cancer de sein. 87 % (n=45) avaient un cancer métastatique. Un total de 39 patients ont reçu un anti-PD-1, 7 ont reçu une combinaison d’anti-CTLA4 et d’anti-PD-1, 8 ont reçu un anti-PD-L1 et un patient a reçu un inhibiteur bi-spécifique anti-PD-1 et CTLA4. Vingt-cinq patients avaient aussi reçu une chimiothérapie et vingt-deux une thérapie ciblée. Le diagnostic de RAI a été confirmé chez 39 patients. Un total de 22 patients avaient plusieurs toxicités avec une médiane de 2 [2–5] toxicités. 79 RAI ont été identifiées dont 49 RAI grade 3-4 qui étaient digestives (n=9), cardiaques (n=8), musculaires (n=8), hématologiques (n=6), pneumologiques (n=6), endocriniennes (n=3), neurologiques (n=2), rhumatologiques (n=2), générales (fièvre, n=2), ophtalmologique (n=1), ORL (n=1) et une vascularite. Un total de 37 patients ont reçu une corticothérapie et 18 patients ont reçu un autre immunosuppresseur. Treize patients étaient décédés au moment de l’analyse des données. Les 13 autres patients avaient des symptômes liées à des causes indépendantes de leur cancer et de l’ICI (n=4), à l’évolution de leur cancer (n=3), à la toxicité d’autres traitements (n=2), à la découverte d’une infection évoluée par le VIH. Dans trois cas, une étiologie précise n’a pu être établie.
Conclusion |
Les RAI sont des complications fréquentes et parfois redoutables des ICI. Le traitement de première ligne en cas de réaction sévère reste la corticothérapie associée ou non à d’autres immunosuppresseurs. Le rôle de l’interniste dans la prise en charge des RAI est central, surtout en cas de RAI multiples ou en cas des difficultés diagnostiques.
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Vol 43 - N° S1
P. A221 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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