La tuberculose abdominale : aspects épidémiologiques, cliniques et évolutifs dans une série de 86 cas - 16/06/22
Résumé |
Introduction |
La tuberculose constitue un problème de santé publique dans les pays en voie de développement. La forme abdominale figure parmi les localisations extra pulmonaires les plus fréquentes de l’infection tuberculeuse, et elle se caractérise par la diversité de ses aspects cliniques et radiologiques. L’objectif de notre travail était d’étudier les caractéristiques épidémio-cliniques, diagnostiques et thérapeutiques de la tuberculose abdominale.
Patients et méthodes |
Il s’agissait d’une étude rétrospective, descriptive, menée au sein du service de gastroentérologie A, de l’hôpital universitaire La Rabta, s’étendant sur une période de 11 ans (de 2010 à 2021), colligeant tous les malades présentant une tuberculose abdominale. Les données épidémio-cliniques, radiologiques, thérapeutiques et évolutives étaient recueillies. La confirmation du diagnostic reposait sur une preuve bactériologique et/ou anatomopathologique.
Résultats |
Au total, 86 cas de tuberculose abdominale étaient colligés. Il s’agissait de 19 hommes et 67 femmes (sex-ratio H/F=0,28). L’âge moyen de nos patients était de 49,5 ans avec des extrêmes allant de 16 à 95 ans. L’IMC moyen était de 24,4kg/m2±6,3. Sept patients (8,1 %) avaient un antécédent personnel de tuberculose. La notion de contage tuberculeux était retrouvée chez 8 patients soit dans 9,3 % des cas. Les symptômes cliniques étaient variables dominés par la distension abdominale associée à une altération de l’état général dans 37,2 % des cas, une ascite isolée dans 25,6 % des cas, et une diarrhée dans 6 cas (6,9 %). Un tableau pseudo chirurgical a révélé la maladie chez 4 patients (4,6 %). Le délai moyen d’apparition des symptômes était de 2,9 mois. La localisation abdominale était péritonéale dans 72 cas (83,7 %), intestinale dans 21 cas (24,4 %), hépatique dans 5 cas (5,8 %) et splénique dans 2 cas (2,3 %). L’IDR à la tuberculine était positive dans 61,4 % des cas. La biologie avait montré un syndrome inflammatoire biologique dans 74,1 % des cas et une lymphopénie dans 67,4 % des cas. L’imagerie abdominale avait montré une ascite (n=58), un épaississement péritonéal (n=49), un épaississement pariétal digestif (n=20), des adénopathies cœlio-mésentériques (n=40), des nodules péritonéaux (n=23) et un abcès hépatique (n=1). La coloscopie avait montré des ulcérations de la dernière anse iléale (n=8), une rétraction du bas fond cæcal (n=5), des nodules coliques (n=2) et une valvule sténosée (n=2). Soixante patients avaient eu une laparoscopie diagnostique montrant dans 100 % des cas un aspect évocateur de tuberculose péritonéale. L’examen histologique avait mis en évidence un granulome avec nécrose caséeuse chez 79 malades (91,8 %). Le diagnostic était bactériologique chez un seul patient. Dans le reste des cas, le diagnostic de tuberculose abdominale a été retenu devant un faisceau d’arguments de forte présomption. Un traitement antituberculeux a été instauré chez tous les patients, sous forme combinée (n=62) ou dissociée (n=24). Quatre-vingt-deux pour cent des patients avaient bien répondu au traitement médical, 15 patients (17,4 %) avaient présenté des effets secondaires aux antituberculeux à type d’hépato ou d’hémato-toxicité indiquant l’arrêt puis la reprise progressive du traitement. La guérison avait été attestée chez tous les patients par une imagerie ou une endoscopie montrant la disparition de tout signe d’activité de la tuberculose et indiquant l’arrêt du traitement. La durée moyenne de traitement a été de 12 mois.
Conclusion |
Notre étude montre que la tuberculose abdominale, dans ces différentes localisations, a une expression polymorphe et est souvent insidieuse. Ce diagnostic doit être facilement évoqué particulièrement chez les patients en zone d’endémie, permettant ainsi la mise en route rapide d’un traitement bien codifié et efficace dans la majorité des cas. La durée prolongée de traitement anti-tuberculeux est souvent nécéssaire.
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Vol 43 - N° S1
P. A165 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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