Contribution de la capillaroscopie dans le diagnostic différentiel du phénomène de Raynaud, de la sclérodermie et des myopathies inflammatoires : une étude comparative - 16/06/22
Résumé |
Introduction |
La capillaroscopie est un outil diagnostique puissant, reproductible, non invasif et très peu onéreux, utilisée en médecine interne pour le bilan étiologique du phénomène de Raynaud et pour le diagnostic précoce des sclérodermies. Le but de notre travail est d’étudier l’apport de la capillaroscopie péri-unguéale dans le diagnostic des acrosyndromes et des maladies systémiques.
Patients et méthodes |
Ce travail consiste à une étude prospective descriptive et analytique, nous avons inclus tous les patients ayant bénéficié d’une capillaroscopie péri-unguéale par vidéo-capillaroscope dans le service de Médecine interne CHU Hédi Chaker Sfax sur une période de 3 ans et 4 mois (janvier 2018 à avril 2021). Les différentes caractéristiques épidémiologiques, cliniques, immunologiques et capillaroscopiques des patients ont été étudiées avec une étude comparative entre le phénomène de Raynaud, la sclérodermie et les myopathies inflammatoires.
Résultats |
Notre étude a colligé 52 patients : 41 femmes (79 %) et 11 hommes (21 %). L’âge moyen de nos patients était de 41 ans (16–79 ans). Les indications à la réalisation d’une vidéo-capillaroscopie étaient dominées par la suspicion et/ou le bilan d’une connectivite avec des AAN positifs dans 30 cas (58 %) et/ou par la présence d’un phénomène de Raynaud dans 28 cas (54 %). Les anomalies capillaroscopiques étaient fréquentes retrouvées chez 76,9 % des patients. La diminution du nombre des capillaires (nombre de capillaires entre 7 et 8/mm) était objectivée dans 11 cas (21 %) et la raréfaction (nombre de capillaires entre 2 et 6/mm) était notée dans 4 cas (7,6 %). Une plage déserte ou avasculaire était visualisée chez 4 patients (7,6 %). Les mégacapillaires étaient visualisés dans 27 % des cas. Au terme de notre analyse clinique, immunologique et capillaroscopique, nous avons conclu à une sclérodermie dans 8 cas, à une myopathie inflammatoire dans 11 cas (dont 7 cas de dermatomyosite (DM), 1 cas de dermatomyosite amyopathique, 1 cas de polymyosite, 1 cas de syndrome des anti-synthétases et 1 cas de DM à anticorps spécifiques anti-MDA5), à un phénomène de Raynaud dans 22 cas, à un Lupus érythémateux systémique dans 1 cas, à un syndrome de Sjögren dans 1 cas, à une acrocyanose dans 1 cas, à une sclérose cutanée dans 1 cas et à une pneumopathie infiltrante diffuse avec AAN positifs dans 2 cas. Le diagnostic d’un syndrome de Sharp était retenu dans 1 cas, d’une connectivite indéterminée dans 2 cas et d’un syndrome de Shulman dans 1 cas. Aucune étiologie n’a pu être identifiée chez un homme hospitalisé pour arthralgies et myalgies diffuses. Une analyse comparative complémentaire a été réalisée pour les 3 groupes les plus fréquents : groupe 1 : sujets avec phénomène de Raynaud (n=22), groupe 2 : sujets avec Sclérodermie systémique (n=8), groupe 3 : sujets avec myopathie inflammatoire (n=11). Aucune différence statistiquement significative n’a été mise en évidence, à l’exception de la réduction de la densité et de la présence de mégacapillaires. Les pourcentages de mégacapillaires étaient différents entre les différents sous-groupes (p=0,003). Les mégacapillaires étaient plus fréquents dans le groupe DM (72,7 %) et dans le groupe sclérodermie (62,5 %) et absents dans le groupe phénomène de Raynaud (0 %). La fréquence de la réduction de la densité et des zones avasculaires était plus élevée chez les patients atteints de Sclérodermie (100 %) que chez les patients atteints de DM (27,2 %) et de phénomène de Raynaud (27,2 %) avec une différence significative (p=0,035). Pour chacune des variables, ramification, dilatation, hémorragie, et désorganisation, aucune différence significative n’est mise en évidence entre ces 3 groupes.
Conclusion |
La capillaroscopie est un outil de base du médecin interniste et du médecin vasculaire dans l’exploration de la microcirculation cutanée et elle est extrêmement efficace et pertinente pour détecter précocement les maladies systémiques en particulier la Sclérodermie devant un phénomène de Raynaud. Elle pourrait être aussi un outil utile pour la classification et pour discriminer les différents sous-groupes de myosites.
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Vol 43 - N° S1
P. A136 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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