Description d’un cas de myosite nécrosante associée à un syndrome myélodysplasique TET2 muté - 16/06/22
Résumé |
Introduction |
Les syndromes myélodysplasiques (SMD) sont liés à une expansion clonale anormale au sein de la moelle osseuse, majoritairement liée à des mutations des gènes de la méthylation. On estime que les SMD s’associent dans 10–30 % des cas à des manifestations auto-immunes. Cependant, les cas de myosites auto-immunes associées à des SMD sont particulièrement rares. Nous décrivons le cas d’un homme de 66 ans atteint d’un SMD avec mutation du gène TET2 (ten-eleven-translocation 2), ayant secondairement développé une myosite nécrosante auto-immune.
Observation |
Un homme de 66 ans, suivi depuis 7 ans pour un SMD sans excès de blaste, avec mutation du gène TET2, en échec d’une allogreffe de cellules souches, était admis dans notre service pour un tableau associant des myalgies, une fièvre, un déficit moteur global et des œdèmes des quatre membres, sans lésion cutanée. Son traitement à l’admission comportait des injections mensuelles de darbepoetine alpha et de GCSF. Le bilan biologique retrouvait un taux d’hémoglobine à 7,5g/dL, de leucocytes à 6,6 G/L et de plaquettes à 282 G/L. Il mettait également en évidence un syndrome inflammatoire (CRP=58mg/L) et une élévation des CPK à 763 UI (N<190 UI), sans altération de la fonction rénale (créatinine=71μmol/L). Le myélogramme réalisé lors de l’hospitalisation ne retrouvait pas d’évolution de la myélodysplasie.
Le bilan étiologique retrouvait des AAN positifs à un titre de 1/640 avec une spécificité anti Sm et anti SSA 52, sans anticorps spécifiques des myosites (Dot-myosites négatif). Un scanner thoraco-abdomino-pelvien était réalisé, ne retrouvant pas d’anomalie. En revanche, l’IRM musculaire montrait un hypersignal musculaire diffus en séquence STIR et la biopsie musculaire mettait en évidence une nécrose musculaire avec infiltration de lymphocytes T et une hypersécrétion de la molécule HLA de classe I avec quelques dépôts de C5b9, faisant poser le diagnostic de myosite nécrosante.
Nous avons observé une très bonne évolution immédiate et à long terme après l’introduction d’une corticothérapie seule avec 3 bolus de 250mg de méthyl-prednisolone, suivis d’un relais par prednisone per os à la dose de 1mg/kg/j, avec une décroissance progressive. Après plus de 10 mois de recul, il n’a pas été constaté de rechute, permettant d’atteindre une dose d’entretien de 5mg/j de prednisone.
Discussion |
Il est observé un environnement pro-inflammatoire au sein de la moelle osseuse au cours des syndromes myélodysplasiques, particulièrement chez ceux à faibles risques de transformation leucémique, pouvant expliquer l’incidence particulièrement élevée des pathologies auto-immunes au cours de ces affections. Il est également notable que parmi les gènes mutés impliqués dans les transformations clonales de ces syndromes, TET2 muté semble associé à une augmentation du risque d’incidence de phénomènes auto-immuns, principalement des cytopénies auto-immunes, mais également avec d’autres pathologies décrites telles que des cas de polyarthrite rhumatoïde ou de syndrome de Sweet. TET2 régule en effet la sécrétion d’IL1β, d’IL6 et la réponse des macrophages à l’IL6 et à l’IL8, favorisant ces phénomènes inflammatoires.
Les myosites inflammatoires sont plus fréquemment associées aux néoplasies solides, notamment pulmonaires et gynécologiques. Cependant, l’association d’hémopathies et notamment de SMD et de myosite auto-immune est rarement décrite. On peut tout même citer 2 cas de dermatomyosite à anticorps anti TIF1γ : un premier cas décrit par B. Palterer et al. avec une bonne réponse à un traitement par corticoïde, IgIV et méthotrexate ainsi qu’un autre cas décrit par I. Lerman et al., qui est notable de par la bonne évolution de la dermatomyosite dans les suites du traitement de la myélodysplasie par azacitidine.
Conclusion |
Les SMD sont fréquemment associés à des manifestations auto-immunes, particulièrement en cas de mutation du gène TET2. En revanche, les associations myosite inflammatoire+hémopathie myéloïde sont peu décrites. Cette observation illustre l’hétérogénéité des associations possibles entre un SMD et une pathologie dysimmunitaire.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 43 - N° S1
P. A133 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?