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Décroissance et arrêt des immunoglobulines intraveineuses au cours du syndrome de fuite capillaire associé à une gammapathie monoclonale (Maladie de Clarkson) - 16/06/22

Doi : 10.1016/j.revmed.2022.03.313 
Q. Moyon 1, , M. Pineton De Chambrun 2, M. Gousseff 3, A. Mathian 4, F. Cohen Aubart 5, J. Haroche 6, D. Taieb 7, J.C. Lega 8, A. Dossier 9, R. Marc 10, D. Saadoun 4, C. Agard 11, J. Graveleau 11, U. Geoffrey 12, T. Hanslik 13, A. Hot 14, M. Lambert 15, H. Levesque 16, P.Y. Hatron 17, Z. Amoura 18
1 Médecine interne, Hôpitaux Universitaires Pitié Salpêtrière - Charles Foix, Paris 
2 Médecine interne institut e3m, Groupe Hospitalier Pitié Salpetrière, Paris 
3 Médecine interne, Centre hospitalier, Vannes 
4 Service de médecine interne 2, Groupe hospitalier pitié-salpêtrière, Paris 
5 Service de médecine interne 2, institut e3m, centre de référence des histiocytoses, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris 
6 Service de médecine interne 2, Hôpitaux Universitaires Pitié Salpêtrière - Charles Foix, Paris 
7 Service de médecine interne 2, maladies auto-immunes et systémiques, Groupe Hospitalier Pitié Salpetrière, Paris 
8 Médecine interne et vasculaire, chem Grand Revoyet, Pierre-Bénite 
9 Médecine interne, Hôpital Bichat-Claude Bernard, Paris 
10 Département de médecine interne, CHU Clermont-Fd Site Estaing, Rue Lucie et Raymond Aubrac, Clermont-Ferrand, France 
11 Médecine interne, C.H.U. Hôtel Dieu, Nantes 
12 Médecine interne, Centre hospitalier universitaire d’Angers, Angers 
13 Médecine interne, CHU Ambroise Paré, Boulogne-Billancourt 
14 Médecine interne, hôpital Édouard Herriot, Lyon 
15 Service de médecine interne, hôpital Claude Huriez, Rue Michel Polonovski, Lille 
16 Médecine interne, Centre Hospitalier Universitaire Rouen, Rouen 
17 Médecine interne, CH Claude Huriez, Lille 
18 Service médecine interne 2, hôpitaux Universitaires Pitié Salpêtrière - Charles Foix, Paris 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Le syndrome de fuite capillaire idiopathique (SFCI) ou maladie de Clarkson est une pathologie rare définie par la récurrence d’épisodes de fuite capillaire en présence d’une gammapathie monoclonale. Elle entre dans le cadre des gammapathies monoclonales de signification clinique. Le tableau caractéristique est celui d’un choc hypovolémique marqué par une forte hémoconcentration avec une hypoprotidémie paradoxale. La physiopathologie est inconnue et le traitement préventif des récidives repose sur l’administration au long cours d’immunoglobulines intraveineuses (IgIV). La tolérance de ce traitement chronique est souvent difficile et son coût est élevé. La possibilité, les modalités et les risques d’une décroissance voire d’un arrêt des IgIV sont inconnus. Cette étude avait pour but d’évaluer la sécurité de la décroissance et/ou de l’arrêt des IgIV au cours de la maladie de Clarkson.

Patients et méthodes

Nous avons conduit une étude multicentrique rétrospective incluant les patients du registre EurêClark atteint d’un SFCI défini (avec une gammapathie monoclonale), ayant reçu au moins une perfusion d’IgIV. Les crises étaient recensées dès lors qu’elles indiquaient une hospitalisation, et étaient considérées comme graves en cas d’admission en soins critiques. Le critère de jugement principal était la proportion de patients décédés en fin de suivi. Le principal critère de jugement secondaire était l’incidence annuelle des crises, analysée selon un modèle mixte pour prendre en compte le caractère éventuellement répété des crises chez un même patient, en comparant les différentes périodes de traitement selon la dose reçue d’IgIV (≥2g/kg/mois, 1–2g/kg/mois, <1g/kg/mois et pas d’IgIV). L’arrêt des IgIV était défini comme un arrêt de 4 mois au moins une fois au cours du suivi.

Résultats

Cinquante-sept patients ont été inclus, d’âge moyen 60±13 ans dont 47 % de femmes. La gammapathie monoclonale, toujours une immunoglobuline G, était de type : kappa 68 %, lambda 28 % et bi-clonale 2 % des cas. Le suivi médian [IQR 25–75] était de 9 [5–14] ans. Après l’instauration d’IgIV, 36 (63 %) patients ont présenté au moins une rechute. En fin de suivi, 18 (31 %) patients étaient décédés dont 14 (78 %) en raison d’une récidive. La proportion de patients décédés en fin de suivi était plus élevée chez les malades ayant arrêté les perfusions d’IgIV (groupe arrêt : A) en comparaison avec ceux ayant poursuivi les perfusions de façon continue (groupe poursuite : P, 63 % vs. 15 %, p<0,001). Les probabilités cumulées de survie à 10 ans estimées selon la méthode de Kaplan Meier et comparées par un test de Log-Rank entre les groupes A et P étaient de 50 % vs. 83 % (p=0,02). Le taux de récidive et le nombre médian de récidive entre les patients des groupes A et P étaient de 72 % et 59 % (p=0,3) et 1,0 et 2,5 (p=0,03). Les taux de récidive, le nombre médian de crises et la mortalité n’étaient statistiquement pas différents entre les patients ayant eu une décroissance des IgIV (qu’elle qu’en soit la modalité, n=39) et ceux toujours restés à 2g/kg/mois (n=18). Les résultats du modèle mixte ne montraient pas de relation significative entre la dose d’IgIV et l’incidence des crises, avec des coefficients de régression bêta de -0,06 ; 0,0 et 0,47 pour les doses comprises entre 1-2g/kg, <1g/kg et arrêt des IgIV respectivement comparées à la dose ≥2g/kg (p=0,3). Enfin, parmi les 37 patients encore en vie en janvier 2020, la survenue d’une infection COVID était significativement associée à la mortalité60 % vs 3 %, p=0,005).

Conclusion

L’interruption des perfusion d’IgIV est associée à un nombre plus important de crises et à une surmortalité chez les patients avec une maladie de Clarkson. Le traitement par IgIV ne doit pas être arrêté. La décroissance n’était pas significativement associée à ces risques, et semble pouvoir être envisagée avec prudence, ce d’autant que la COVID-19 est associée à un risque important de récidive et de décès.

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