Déploiement de la conciliation médicamenteuse par la création d’un poste infirmier PACHA dédié à la prévention des complications hospitalières - 16/06/22
Résumé |
Introduction |
La généralisation de la conciliation médicamenteuse (CM) semble indispensable dans la pratique médicale actuelle, notamment pour limiter tant que possible la iatrogénie. Nous présentons ici la création d’un métier infirmier centré sur la CM. Il s’agit d’explorer les possibilités de la réalisation du bilan médicamenteux optimisé par le corps infirmier, et plus largement, de la prévention des complications de l’hospitalisation.
Matériels et méthodes |
La CM ne suffisant pas à justifier la création de postes Infirmier Diplômé d’Etat (IDE), nous avons identifié d’autres axes d’intervention du temps hospitalier. Nous avons appelé ce nouveau rôle : infirmier PACHA (Prévention Active de Complications Hospitalière en Autonomie). En concertation avec divers intervenants médicaux et paramédicaux (diététicienne, assistante sociale, plateau de rééducation), nous avons créé des algorithmes décisionnels dédiés. Le dépistage de la dénutrition, par une meilleure valorisation des séjours, permet notamment de justifier la création de ces postes. Les objectifs sont la CM (formation et accompagnement par le pharmacien), le dépistage des risques embolique/hémorragique, l’intervention précoce des paramédicaux essentiels (diététicienne, kinésithérapeute, assistante sociale, psychomotricien, ergothérapeute, APA,...) et l’optimisation du lien ville-hôpital à l’entrée du patient puis à sa sortie. Pour assurer une présence 5jours sur 7, 2 IDE occupent cette fonction et conservent ainsi une activité de soins dans le service.
Résultats |
Sur la période de 8 mois (janvier à août 2021) d’implantation de l’infirmière au sein d’un service de médecine polyvalente d’un GHT breton, comptant 24 lits, 361 patients ont été hospitalisés, 192 patients (53 %) ont été évalués parmi lesquels 147 ont bénéficié d’une évaluation complète (41 %), sans donnée manquante. L’âge moyen était de 78 ans, 55 % étaient des hommes, la durée moyenne de séjour était de 15jours. Le poste IDE PACHA était pourvu à 62 %. On retrouve lors de la CM d’entrée 239 divergences involontaires chez 99 patients (67 %) et 76 divergences à risque significatif (score de 2 à 4 sur échelle CLEO) chez 48 patients (33 %). Parmi les 107 patients ne prenant pas d’anticoagulation curative on retrouve 67 patients avec risque thrombo-embolique veineux élevé (46 %) dont 15 jugés à haut risque hémorragique. Une dénutrition est retrouvée chez 70 patients (47 %), ce qui permet de contacter précocement la diététicienne pour 49 de ces patients (33 %) et d’instaurer un régime hypercalorique pour 35 d’entre eux (24 %). Des difficultés à la marche sont identifiées pour 100 patients (52 %), et conduisent à la prescription de kinésithérapie motrice chez 84 patients (44 %). Une conciliation médicamenteuse de sortie est réalisée pour 91 patients (47 %). Un travail sur l’adaptation du métier selon la typologie du service cible est en cours.
Conclusion |
Nous constatons que la CM est réalisable par une infirmière, en suivant les critères HAS et prend tout son sens dans un corpus d’actions visant à prévenir plus largement différentes complications hospitalières en complément de la problématique médicale initiale, tout en permettant de dégager un temps médical précieux de la gestion de ces problématiques chronophages. L’implication dans cette tâche de l’équipe paramédicale s’adapte naturellement tant par sa précocité d’intervention auprès du patient mais également de sa proximité tout au long du séjour. D’autres protocoles de délégation de tâches peuvent être imaginés selon les spécificités internes de chaque service.
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Vol 43 - N° S1
P. A116 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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