La leptospirose et ses complications : résultats de l'étude LeptoK sur 179 patients hospitalisés - 01/06/22
Résumé |
Introduction |
La leptospirose est une zoonose endémique largement sous-diagnostiquée et favorisée par le dérèglement climatique. L'étude LeptoK a pour objectif de décrire les complications de la leptospirose, leurs fréquences, ainsi que les moyens médico-techniques nécessaires, afin d'en améliorer la prise en charge.
Matériels et méthodes |
Etude observationnelle descriptive hospitalière multisite couvrant l'ensemble d'un territoire, rétrospective sur 2016-17 et prospective sur 2018. Le diagnostic de leptospirose est confrmé biologiquement. Les données clinico-biologiques des dossiers médicaux sont complétées par un examen clinique complet pour les patients hospitalisés au CHT en 2019.
Résultats |
En trois ans, 179 cas de leptospirose ont été hospitalisés, 60/an en moyenne ; prévalence 23/100 000 habitants. La moitié sont admis via l'hôpital provincial du Nord, les zones les plus touchées sont rurales et tribales. L'âge médian est de 39 ans : 32 ans chez 101 patients en hospitalisation conventionnelle, 41 ans chez 71 patients en soins intensifs (SI) et 67 ans chez les 7 patients décédés. Les hommes représentent 73.7 % des patients. Les principales comorbidités sont l'HTA (16 %), l'obésité (13.5 %) et le diabète (9 %). Les symptômes les plus fréquents à l'admission : asthénie (98 %), myalgies (91 %), arthralgies (84 %), et céphalées (76 %). Les complications les plus fréquentes : thrombopénie (90.5 %), collapsus (75 %) et insuffisance rénale (50 %), peuvent rapidement évoluer vers des formes sévères (choc cardiogénique, alvéolite hémorragique, SDRA, cholestase ictérique sévère, hémorrhagie, insuffisance rénale aigue sévère), nécessitant une prise en charge en SI avec recours au cathétérisme central et utilisation d'amines (35 %), oxygénothérapie (40 %), ventilation mécanique (21 %), intubation trachéale (15 %), dialyse continue (17.5 %), et transfusion en globules rouges et plaquettes (13 %). La létalité globale est de 3.9 % ; 10 % en SI. Les complications les plus létales sont l'insuffisance hépatocellulaire, la myocardite ou l'arythmie, et l'hémorragie, pourtant peu citées dans la littérature. L'âge, l'ictère, l'oligurie, l'hématurie, la confusion et la deshydratation à l'admission sont associés aux formes sévères, ainsi que la thrombopénie, une leptospirémie élevée et le sérogroupe icterohaemorragiae. Il y a eu 19 infections nosocomiales (surtout PAVM). Une réaction d'Herxheimer est rapportée pour 38 % des patients. Nous décrivons des complications rares : accidents vasculaires cérébraux, embolies pulmonaires, ischémies digestives.
Conclusion |
La morbi-mortalité de la leptospirose en hospitalisation reste élevée malgré le traitement adapté et les thérapeutiques de suppléance et de réanimation. Une étude prospective et multicentrique permettrait de préciser les facteurs de risque des complications de la leptospirose, leurs impacts sur la survie et les séquelles à long terme. La leptospirose justifie d'un renforcement de la surveillance internationale avec standardisation de la documentation clinico-biologique, afn d'améliorer la prévention et l'adéquation des moyens particulièrement dans les zones défavorisées.
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 1 - N° 2S
P. S72 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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