Infections à Vibrio non cholerae de 2017 à 2020 sur un territoire côtier - 01/06/22
Résumé |
Introduction |
Les infections à Vibrio spp. sont rares mais potentiellement graves, et leur incidence augmente avec le réchauffement climatique. Faute de déclaration obligatoire en France, peu de données épidémiologiques et environnementales sont disponibles.
Matériels et méthodes |
Analyse multicentrique des cas d'infections à Vibrio non cholerae entre 2017 et 2020 dans 4 départements du littoral français, 9 hôpitaux et 3 laboratoires privés. Mise en parallèle avec des prélèvements environnementaux réalisés par une étude scientifique explorant l'antibiorésistance de bactéries issues d'une partie du littoral Atlantique.
Résultats |
Au total, 223 cas ont été recensés, le plus souvent en été (59 %). Une majorité a été identifiée en laboratoire de ville (82 %), tous par PCR dans les selles, avec mise en culture et antibiogramme dans 28 % des cas. Vibrio parahaemolyticus (V.ph) était prédominant (21 %) par rapport aux autres espèces (Vibrio cholerae non O1 non O139, Vibrio fluvialis, Vibrio alginolyticus). Seuls le cotrimoxazole (CTX) et la ciprofloxacine (CIP) ont été testés, sans résistance acquise retrouvée.
En milieu hospitalier, les 40 patients inclus étaient en médiane plus âgés (65 contre 56 ans en ambulatoire) et plus souvent masculins (55 contre 45 %). Les comorbidités étaient fréquentes : cardio-vasculaires (38 %), immunodépression (33 %), néoplasie (25 %) et/ou hépatopathie (12 %). Les tableaux cliniques étaient surtout des gastro-entérites (GEA, n=20) et des infections cutanées (n=15, 8 ont été opérées dont 2 amputations). Les autres étaient plus rares (infection de cathéter de dialyse, otites, pneumopathie et infection materno-foetale). Dans 25 cas, le mode de contamination a pu être identifié : consommation de fruits de mer (n=11) ou contact avec le milieu marin (n=14, dont 10 avec des plaies et 1 par noyade). Le diagnostic n'était établi que sur le résultat de la culture. V. alginolyticus était l'agent le plus souvent isolé (n=9), suivi de V. ph (n=8), V. vulnificus (n=6, tous cutanés dont 3 avec bactériémie) et V. cholerae non O1 (n=1). Les résistances acquises à l'amoxicilline (AMX) étaient fréquentes (10/17 souches testées), mais aucune au CTX ni à l'AMX-acide clavulanique n'a été documentée, et 12 souches/14 étaient sensibles à la CIP. Seuls 33 patients ont été traités par antibiotiques dont 82 % en monothérapie, durant en moyenne 12 jours, la plupart par béta-lactamines (42 %), puis fluoroquinolones (24 %), tétracyclines (6 %) ou CTX (6 %). Sur 28 patients suivis, 2 ont rechuté et 3 sont décédés dans les 3 mois, sans lien direct avec l'infection à Vibrio spp.
Le nombre d'espèces environnementales isolées était plus élevé qu'en clinique (n=21), en majorité V. alginolyticus (36 %) et V. rumoiensis (13 %). Le profil d'antibiorésistance était différent des souches cliniques avec notamment plus de résistance au CTX (20 %, p<0001).
Conclusion |
Les infections à Vibrio spp. semblent assez fréquentes sur notre littoral, en particulier les GEA en médecine de ville, et parfois graves sur terrain fragilisé. L'évolution des profils de résistance notamment de V. alginolyticus pourrait avoir un impact en pathologie humaine.
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 1 - N° 2S
P. S72-S73 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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