Absence d'hématoxocité du tédizolide : mythe ou réalité ? - 01/06/22
Résumé |
Introduction |
Le tédizolide (TDZ) est un antibiotique de la famille des oxazolidinones, présenté comme ayant une moindre hématotoxicité que le linézolide (LNZ). Cependant, les données dans la littérature sont pauvres à ce sujet, notamment dans le cadre de traitement prolongé. L'objectif de notre étude est d'étudier la tolérance en vie réelle du TDZ.
Matériels et méthodes |
Etude rétrospective monocentrique, réalisée entre juillet 2018 et juillet 2021 dans un Centre Hospitalier Universitaire. L'ensemble des prescriptions de TDZ a été extraite grâce au logiciel DXCare©. Pour chaque patient, nous avons relevé des caractéristiques générales (âge, sexe, poids, fonction rénale). Une anémie a été définie comme une diminution d'au moins 2 g/dL sous traitement, une thrombopénie comme un nombre de plaquette < 150 000 G/L et une diminution d'au moins 20 % par rapport à la valeur initiale. La neutropénie a été définie comme une valeur inférieure à 1,5 G/L, non présente au début du traitement par TDZ.
Résultats |
Trente et un patients ont été traités par TDZ, avec une médiane d'âge de 71 ans et un DFG médian de 72mL/min. Les indications d'un traitement par TDZ étaient des infections ostéo-articulaires (n = 18), des infections de la peau et des tissus mous (n = 5), deux nocardioses cérébrales (n = 2), des infections de moignon d'amputation (n = 2), un abcès hépatique, un abcès pulmonaire et une BCGite. La durée médiane de traitement était de 19 jours.
Une documentation microbiologique était présente pour 26 patients (traitement non documenté pour cinq d'entre eux). Les bactéries identifiées étaient : staphylocoques à coagulase négative (n=8), corynébactéries (n=7), Enterococcus faecalis (n=4), Enterococcus faecium (n=4), un Staphylococcus aureus, une Nocardia otitidiscaviarum, une Nocardia exabildabeijingensis, un Clostridium paraputrificum, un Streptococcus oralis et un Anaerococcus murdochi.
Les justifications d'un traitement par TDZ étaient majoritairement une prévention de la toxicité hématologique du LNZ (n=20), en relais du LNZ suite à une toxicité hématologique avérée de celui-ci (n=8), une mauvaise tolérance digestive du LNZ (n=1), une cytolyse hépatique sous LNZ (n=1) et une résistance au LNZ (n=1).
Sept patients (23 %) ont présentés une hématotoxicité au cours du traitement par TDZ, dont trois hématotoxicités de grade 3. Les justifications d'un traitement par TDZ chez ces patients étaient une prévention de la toxicité hématologique du LNZ (n=6) et un relais du LNZ suite à une toxicité hématologique avérée. Le délai médian d'apparition était de 18 jours. Dans le détail, quatre patients ont présenté une thrombopénie isolée, un a présenté une thrombopénie associée à une neutropénie et deux autres ont présenté une anémie. Un arrêt prématuré du traitement en lien avec ces toxicités a eu lieu chez cinq patients.
Conclusion |
Dans notre étude, une part importante de patients ayant présenté une hématotoxicité sous TDZ est décrite. Une surveillance régulière de la NFS doit être réalisée lors d'un traitement prolongé par TDZ. Des études complémentaires sont en cours afin d'identifier les facteurs de risque de développer une hématotoxicité lors d'un traitement prolongé par TDZ.
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 1 - N° 2S
P. S45-S46 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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