Les bactériémies nosocomiales sont une cause importante de morbidité et de mortalité. L'objectif de cette étude était d'évaluer les caractéristiques et la mortalité des épisodes avec bactériémie nosocomiale, pris en charge dans 14 hôpitaux universitaires avec une activité de soins aigus

Les données ont été obtenues rétrospectivement à partir de l'entrepôt de données de santé du groupe hospitalier auquel sont rattachés les hôpitaux. Tous les séjours de patients avec au moins une hémoculture positive (contaminants exclus) entre janvier 2016 et décembre 2019 ont été identifiés. Les séjours des patients dont le premier épisode était nosocomial ( ≥ 48h après l'admission ou transfert ou sortie d'un hôpital de l'AP-HP dans les 7 jours) ont été inclus. Les patients, les épisodes de bactériémie, les isolats bactériens et leur résistance aux antibiotiques ont été analysés.

Nous avons identifié 19777 épisodes de bactériémie nosocomiale chez 17116 patients (âge médian (écart interquartile), 64 ans (52-74) ; hommes, n=10576, 62 % ; épisodes multiples sur la période de l'étude, n=1987, 12 %). Les tumeurs malignes (n = 6305, 42 %) et les tumeurs solides métastatiques (n = 2423, 16 %) étaient fréquentes, ainsi que les comorbidités chroniques (diabète n = 2953, 20 %, maladies vasculaires n = 2711, 18 %, maladies rénales n = 2185, 15 %, maladies hépatiques n = 1752, 12 % ; données disponibles, n = 14860 patients). Au total, 44 % des patients ont été admis en soins intensifs (n = 7518), parmi lesquels 31 % (n = 2330) sont décédés pendant leur séjour. Les taux de mortalité à 30 (n = 3423, 20 %) et 90 jours (n = 4938, 29 %) étaient élevés. Les épisodes survenaient après une médiane de 7 (2-15) jours après l'admission. La durée de séjour médiane était de 14 (7-28) jours. Les cinq bactéries les plus fréquemment isolées étaient Escherichia coli (n = 3280, 17 %), Staphylococcus aureus (n = 2482, 13 %), Klebsiella pneumoniae (n = 1494, 8 %), Staphylococcus epidermidis (n = 1410, 7 %) et Pseudomonas aeruginosa (n = 1401, 7 %). Les sites d'infection primaire les plus identifiés étaient les sites multiples (IM, n = 5952, 30 %), les voies respiratoires basses (IVRB, n = 1641, 8 %), le tractus urinaire (IU, n = 1500, 8 %), les dispositifs médicaux (IAD, n = 1386, 7 %) et le tractus digestif (ID, n = 1018, 5 %). La résistance aux céphalosporines de troisième génération d'E. coli (486/2669, 18 %) variait peu entre les infections primaires. Pour K. pneumonia (491/1210, 41 %), elle était plus élevée dans les IM (154/325, 47 %) et les IU (66/143, 46 %) que dans les ID (25/87, 29 %). Le taux de P. aeruginosa multirésistant était plus élevé dans les IVRB, les ID et les IM (10-13 %) que dans les IU (6/80, 8 %) et les IAD (6/150, 4 %). Le taux de S. aureus résistant à la méthicilline était de 14 % (233/1647).

La morbidité et la mortalité des bactériémies nosocomiales restent élevées au sein d'un groupe multi-hospitalier français, avec des taux élevés de résistance aux antibiotiques. Le profil des patients pris en charge dans ces hôpitaux, tous universitaires, pourrait partiellement expliquer ces résultats.

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