Colonisation par entérobactéries productrices de bêta-lactamase à spectre étendu (EBLSE) chez des migrants mineurs non accompagnés - 01/06/22
Résumé |
Introduction |
Au cours des dernières années, un nombre important de migrants mineurs non accompagnés (MNA) ont été accueillis dans notre département situé dans l'Ouest de la France. Cependant, peu de données sont disponibles sur la colonisation des MNA arrivant en France par des bactéries multirésistantes. Notre objectif était d'étudier la prévalence du portage d'EBLSE chez ces MNA.
Matériels et méthodes |
L'étude a été réalisée de septembre 2019 à juin 2021. De manière habituelle, les MNA sont convoqués en consultation au CHU dans le mois suivant leur arrivée dans le département. Lors de cette consultation, une analyse parasitologique des selles est réalisée. Pour la présente étude, un échantillon de selle a été prélevé à l'aide d'un écouvillon pour recherche d'EBLSE. Cette recherche a été réalisée par ensemencement d'un milieu gélosé sélectif (BLSE, bioMérieux) et d'un bouillon d'enrichissement BHI contenant 2mg/L de céfotaxime. Ce bouillon était repiqué sur gélose BLSE après 24 heures d'incubation. La production de BLSE a été étudiée à partir des colonies isolées par la méthode des disques combinés. En cas de test positif, une identification a été réalisée par spectrométrie de masse Maldi-Tof (Vitek MS, bioMérieux). Un typage des souches d'Escherichia coli BLSE a été réalisé par électrophorèse en champ pulsé. La comparaison des prévalences de portage d'EBLSE a été réalisée avec le test du Chi-2. Un formulaire contenant des données démographiques et sur les pays traversés a été rempli après accord écrit du MNA.
Résultats |
Au total, 139 MNA ont été inclus. Parmi eux, 103 (74,1%) provenaient d'Afrique, 36 (25,9%) d'Asie du Sud. Plus précisément, d'après le standard M49 de l'ONU, 64 MNA provenaient d'Afrique de l'Ouest, 21 d'Afrique du Nord, 12 d'Afrique centrale et 6 d'Afrique de l'Est. Les principales voies de migration terrestre avant d'arriver en France étaient les Balkans (35,7% des MNA), l'Italie (20,5%) et la péninsule ibérique (16,7%). Les durées de ces migrations ont varié de quelques jours en cas de voyage en avion à deux ans. Au total, 36 MNA (25,7%) étaient colonisés par une EBLSE dont 31 par E. coli. La prévalence de la colonisation ne variait pas de manière significative suivant les régions d'origine: 32,3% (20/82) pour l'Afrique sub-saharienne, 23,5% (4/21) pour l'Afrique du Nord et 33,3% (12/36) pour l'Asie du Sud. L'analyse des profils des souches d'E. coli par électrophorèse en champ pulsé a montré des pourcentages d'homologie > 90% (2 clusters de 2 MNA et 1 cluster de 3 MNA) pour des EBLSE isolées chez des MNA provenant de pays différents mais logés dans le même hôtel au même moment après leur arrivée dans le département, suggérant une transmission récente, possiblement entre cette arrivée dans le département et la date de consultation.
Conclusion |
D'après les résultats d'études récentes, la prévalence de la colonisation des MNA par EBLSE est voisine de celle des touristes au retour de voyage dans les pays de provenance des MNA. Il est intéressant de constater que les conditions d'hébergement de ces MNA lors du début de leur séjour en France pourraient favoriser la transmission de ces bactéries multirésistantes.
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 1 - N° 2S
P. S25-S26 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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