Infections de prothèse articulaire à Cutibacterium acnes: une association avec la rifampicine est-elle nécessaire ? - 01/06/22
Résumé |
Introduction |
Cutibacterium acnes est une bactérie fréquemment impliquée dans les infections de prothèse articulaire (IPA), avec une prévalence d'environ 5% en cas d'infection monomicrobienne, pouvant atteindre 50% dans les IPA d'épaule.
Malgré des données in vitro ayant montré une excellente efficacité de la rifampicine contre le biofilm produit par Cutibacterium acnes, le traitement antibiotique de ces IPA n'est pas consensuel, et l'utilisation d'une association avec la rifampicine est controversée.
Matériels et méthodes |
Il s'agit d'une étude de cohorte monocentrique prospective comparative menée dans un centre de référence de 01/2004 à 09/2019. Tous les patients avec une IPA monomicrobienne à Cutibacterium acnes traités par un changement complet de prothèse et une antibiothérapie curative ont été inclus.
L'évolution infectieuse à 2 ans des patients traités sans et avec rifampicine (≥ 2 semaines de traitement) a été comparée, ainsi que la tolérance de l'antibiothérapie.
Résultats |
Soixante-cinq patients d'âge médian de 68 ans, IQR [62-75], ont été inclus, 41 avaient une IPA de hanche, 13 de genou et 11 d'épaule. Les caractéristiques des patients étaient similaires entre les deux groupes. Il s'agissait majoritairement d'infections post-opératoire chroniques.
Les antibiotiques utilisés par voie IV pour une durée médiane de 28 [20-37] jours ont été les suivants: clindamycine (n=44), céfazoline (n=33), vancomycine (n=15) relayés par voie orale par clindamycine (n=52), amoxicilline (5) et céfalexine (6). La durée totale de traitement était de 6 à 12 semaines selon les protocoles en cours. La rifampicine a été associée chez 36 (55%) patients, initialement par voie IV pour une durée médiane de 29 [25-41] jours, relayée par voie orale chez 5 patients pendant 42 [42-52] jours. Les patients ont tous été traités par un changement complet de prothèse, réalisé en un temps chez 57 patients (88%).
Après un suivi de deux ans, 6 patients ont développé une nouvelle IPA à un germe différent, 4 dans le groupe traité par rifampicine et 2 dans le groupe sans rifampicine. Il n'y a pas eu de rechute au même germe, ni de décès lié à l'IPA.
Les effets indésirables rapportés ont principalement été des troubles digestifs sous rifampicine, responsables d'un arrêt prématuré de la molécule chez deux patients.
Conclusion |
Nos résultats n'apportent pas d'éléments en faveur d'un bénéfice thérapeutique à associer de la rifampicine dans le traitement antibiotique curatif des IPA à Cutibacterium acnes. Ces résultats devront être confirmés par une étude randomisé multicentrique, qui pourra également déterminer quelle est la monothérapie optimale pour traiter ces infections.
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 1 - N° 2S
P. S24 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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