Tularémie, une épidémie en plein essor? - 01/06/22
Résumé |
Introduction |
La tularémie, inscrite sur la liste des maladies à déclaration obligatoire depuis 2002, connaît une augmentation de son incidence et une modification de son épidémiologie avec une augmentation des formes pleuropulmonaires (PP) au détriment des formes historiques ulcéro-ganglionnaires (UG). L'épidémie est particulièrement dynamique dans l'Ouest de la France: la Bretagne et les Pays de Loire totalisaient 55% des 109 cas recensés en 2018. Constatant une augmentation du nombre de cas pris en charge dans notre centre hospitalier (CH), nous avons décidé de les étudier de façon plus précise.
Matériels et méthodes |
Il s'agit d'une étude rétrospective monocentrique des cas de tularémies pris en charge dans un CH de l'Ouest de la France entre le 01/01/2015 et le 21/12/2021.
Résultats |
Vingt-trois cas étaient recensés et analysés, dont 13 (56%) rien que pour l'année 2021; il y avait 13 formes PP et 6 formes UG. Parmi les formes PP, aucune ne survenait avant 2017, 1 en 2018 (sur deux cas cette année-là), 1 en 2019 (sur un cas), 3 en 2019 (sur trois) et 8 en 2021 (sur 13, 61%). Huit des 23 cas (34%) étaient des formes bactériémiques, seules 6 (26%) n'étaient diagnostiquées que sur la sérologie. Nous ne notions que 3 cas d'exposition à des lagomorphes (13%) et 2 à des eaux souillées. La plupart des patients habitaient en zone rurale (18 soit 78%). Parmi les 5 patients citadins, 3 avaient des activités champêtres (courses à pied en nature, randonnée en forêt). Seuls deux cas étaient liés épidémiologiquement (même exposition). Deux décès étaient recensés: les deux en lien avec chocs septiques réfractaires liés à des formes bactériémiques. Nous recensions deux cas de guérisons spontanées (deux formes PP de diagnostic sérologique rétrospectif). Pour les 19 autres patients, l'évolution était toujours favorable sans séquelles sous traitement antibiotique.
Conclusion |
L'analyse des cas de tularémies survenus entre 2015 et 2021 sur notre territoire confirme certains éléments mis en lumière précédemment, notamment lors de l'analyse des cas vendéens en 2019 ou lors de celle des 109 cas français de 2018: une incidence croissante (on peut même parler d'explosion dans notre cohorte avec plus de la moitié des cas en 2021), une prépondérance et une augmentation des formes pleuropulmonaires, la très faible prévalence du mode de contamination classique via les lagomorphes. L'équipe de Quimper a ainsi récemment publié une série de 27 cas de tularémie pleuropulmonaires survenus entre 2016 et 2020 dans leur territoire de santé. L'incidence n'était pas précisée et on pouvait retenir qu'aucun patient n'avait eu de contact avec des lagomorphes. Ils signalaient également des guérisons spontanées dans 30% des cas (8 patients). Il est donc possible qu'un certain nombre de cas soit sous-diagnostiqué. Cette modification de l'épidémiologie de la tularémie questionne l'existence de nouveaux réservoirs, l'impact de la pluviométrie et des changements climatiques, l'influence de certaines pratiques sportives (trails, courses nature etc.). Localement, nous allons poursuivre ce travail d'analyse conjointement avec l'ARS en y impliquant les acteurs de la santé animale.
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 1 - N° 2S
P. S139 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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