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Pharmacocinétique des antirétroviraux au cours de la grossesse : bilan d'un laboratoire de pharmacologie sur la période 2015-2021 - 01/06/22

Doi : 10.1016/j.mmifmc.2022.03.283 
C. Sestier, F. Parant, A. Millet, M. Gagnieu
 CHU Lyon, Lyon, France 

Résumé

Introduction

Les recommandations sur l'utilisation des antirétroviraux (ARVs) chez la femme enceinte ont évolué ces dernières années en raisons de la disponibilité de nouveaux ARVs et de l'accumulation de données d'efficacité et de sécurité pour le foetus. La pharmacocinétique (PK) des ARVs est modifiée au cours de la grossesse. Dans ce travail, l'impact de la grossesse sur les niveaux d'expositions sériques aux antiprotéases (IP), aux anti-intégrases (INSTI) et aux inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse (INNTI) a été évalué.

Matériels et méthodes

Les concentrations sériques des ARVs dosés dans le cadre d'un Suivi Thérapeutique Pharmacologique (STP) ont été récupérées de notre système de gestion de l'information du laboratoire (SGIL) sur la période 2015-2021. Les données cliniques sont issues du dossier médical informatisé (NADIS).

Résultats

Un total de 253 dossiers de STP chez des femmes enceintes sous ARVs ont été analysés. Cette indication ne représente que 3,5 % des indications de STP des ARVs (253/7314). L'âge médian des femmes est de 34 ans (IQR : 29-38). Les femmes sont majoritairement d'origine sub-saharienne. Dans 57 % des cas, la demande de STP a été effectuée au 3ème trimestre de grossesse.

Évolution des ARVs utilisés :  l'atazanavir (ATV) et le lopinavir (LPV), couramment utilisés en 2015, ne le sont quasiment plus désormais. Le darunavir (DRV) qd et raltégravir (RAL) bid sont actuellement les ARVs les plus utilisés. Niveaux d'exposition aux ARVs : 209 dossiers sont exploitables (temps de prélèvement par rapport à la dernière prise connu). Comparativement à une population non enceinte, des concentrations résiduelles plus faibles ont été observées pour le DRV bid (-29 %), le DRV qd (-34 %), le RAL bid (-41 %) et le LPV (-61 %) (p<0.05). L'exposition à la rilpivirine (RPV) semble également plus faible mais n'atteint pas le seuil de significativité probablement en raison d'un manque de puissance statistique (n=8). Seuils d'efficacité : Les concentrations résiduelles du DRV bid (médiane 2,75 mg/L, IQR : 2,14-3,57 ; n=16) sont nettement supérieures au seuil d'efficacité (0,55 mg/L). Les concentrations résiduelles du DRV administré en qd, bien que plus faibles (1,36 mg/L, IQR : 0,9-2,07 ; n=98), restent dans 96 % des cas supérieures au seuil de 0,55 mg/L. L'administration du RAL en bid permet d'obtenir dans 92 % des cas (2/22) des concentrations supérieures au seuil d'efficacité de cet ARV (0,045 mg/L). Une augmentation de la forme libre (par diminution du % de fixation aux protéines) est, par ailleurs, attendue pour cet ARV. La PK du LPV est, quant à elle, très impactée par la grossesse. à posologie standard, les concentrations résiduelles étaient supérieures au seuil de 1 mg/L dans seulement 58 % des cas (7/12).

Conclusion

Ces données issues de la vie réelle sont cohérentes avec celles de la littérature (1) et confirment un impact de la grossesse sur la PK des ARVs. Cependant, avec les ARVs utilisés actuellement, les niveaux d'exposition restent généralement supérieurs aux seuils d'efficacité.

Bibliographie

1/ Rasi V. et al. Trends in antiretroviral use in pregnancy in the UK and Ireland, 2008–2018. HIV Med. 2022 Feb 18. doi : 10.1111/hiv.13243. Online ahead of print.

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