Émergence et expansion de la résistance à la pipéraquine sur le plateau des Guyanes - 01/06/22
Résumé |
Introduction |
La Dihydroartémisinine-Pipéraquine (DHA-PI) est une association à base de dérivés de l'artémisinine utilisée pour traiter le paludisme à Plasmodium falciparum (Pf). Son utilisation, en Asie du Sud-Est, a entraîné l'émergence de souches résistantes à la fois à l'artémisinine et à la pipéraquine (PI). La résistance à PI y était caractérisée par la présence d'amplification du nombre de copie des gènes plasmepsines 2 et 3 (Pfpm2/3) et par l'émergence de mutations dans le transporteur PfCRT (Chloroquine Resistance Transporter). Sur le plateau des Guyanes, l'automédication des orpailleurs par des associations comprenant la PI, interroge sur la possible sélection de parasites résistants à cette molécule dans la région
Matériels et méthodes |
Des isolats de Pf, collectés entre 1997 et 2018 dans les pays du plateau des Guyanes (Guyane, Brésil, Suriname, Guyana, Venezuela et Colombie), ont été génotypés en position 350 de PfCRT par séquençage et le nombre de copie de Pfpm2/3 a été évalué par PCR quantitative. Des cas d'échec thérapeutique (4/7), rapportés entre 2016 et 2018 en Guyane, ont été caractérisés.
Résultats |
Les tests phénotypiques réalisés sur des isolats collectés entre 2008 et 2018 ont, identifiés 45,3 % (95 % CI : 34,8 % - 55,9 % ; 39/86) d'isolats résistants à la PI. Ceux-ci étant majoritairement associés (p<0,001) aux 2 marqueurs de résistance précédemment cités. Ces marqueurs sont également très présents au Suriname (82,1 %, soit 23/28 entre 2012 et 2013) et au Guyana (68,2 %, soit 73/107 entre 2014 et 2017), alors que leur prévalence est négligeable voire inexistante au sein de la population parasitaire testée au Brésil (3,1 %, soit 1/32 entre 2009 et 2014) et au Venezuela (0,0 %, soit 0/23 entre 2017 et 2018). L'étude génotypique longitudinale réalisée en Guyane entre 1997 et 2018, a mis en évidence l'émergence séquentielle de la mutation PfCRTC350R d'une part, puis des amplifications de Pfpm2/3, à partir de 2002. Parallèlement, l'étude des cas d'échec thérapeutique sous traitement à DHA-PI, a mis en lumière l'implication des deux marqueurs de résistance à la PI. Ces données suggèrent que les parasites mono-résistants à la PI induisent des échecs thérapeutiques.
Conclusion |
Cette étude a permis la caractérisation de deux des marqueurs de résistance à la PI en Amérique du Sud, à savoir la mutation PfCRTC350R et l'amplification du nombre de copie des gènes Pfpm2/3. Ces marqueurs sont associés à des cas d'échec thérapeutique sous traitement DHA-PI en Guyane. La forte prévalence de ces marqueurs nous incite à recommander l'arrêt de l'utilisation de la pipéraquine dans la région
Aucun lien d'intérêt
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 1 - N° 2S
P. S115 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?