Facteurs associés à la mise sous protection judiciaire (PJ) des patients ayant des troubles neurocognitifs. Base nationale d'Alzheimer (BNA), France - 03/05/22
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Résumé |
Introduction |
La maladie d'Alzheimer et les troubles apparentés constituent un problème de santé public majeur représentant en France 1,2 millions de patients. A ce jour, aucune étude française n'a évalué les facteurs pouvant entraîner la décision de mise sous protection judiciaire (PJ) de ces patients. La mesure 34 du plan d'Alzheimer 2008-2012 a permis la mise en place d'un outil de suivi épidémiologique qui est la Banque Nationale d'Alzheimer (BNA). En nous basant sur ces données nationales, nous avons caractérisé les facteurs associés à la 1ère mention PJ des patients souffrant de troubles cognitifs inclus dans la BNA.
Methodes |
La BNA permet la collecte prospective de données épidémiologiques de patients souffrant de maladie d'Alzheimer et troubles apparentés depuis 2005 lors d'une consultation (CS) en centres mémoires (CM), en centres mémoires de ressources et de recherche (CMRR) ou avec des médecins spécialistes libéraux volontaires. Les données collectées regroupent des données socio-démographiques, cliniques, administratives avec mention PJ, et relatives aux centres. Issu d'une extraction de la base complète en octobre 2020 (1187199 patients et 3610065 CS), l’échantillon a été sélectionné sur le type de consultation (CS unique, CS multidisciplinaire, Hôpital de jour, Hôpital de jour-SSR, CS avec annonce Alzheimer ou apparentée, CS avec bilan neuropsychologique) et le diagnostic de niveau 1 (plainte cognitive isolée, troubles cognitifs sans démence et troubles cognitifs majeurs avec démence). Les facteurs recueillis à la 1ère CS, associés à la 1ère mention PJ, ont été identifiés par une régression logistique multivariée avec une sélection pas-à-pas descendante basée sur la minimisation de l'AIC à partir des variables avec une p-value <0,02 en univarié. Toutes les variables significatives du modèle logistique ont été utilisées pour construire un score d'orientation pour une mise sous PJ.
Resultats |
Notre échantillon était constitué de 795953 patients, moyenne d’âge 78 ans, environ 2/3 genre féminin avec un score MMSE moyen de 20.5 ± 6.5 à la 1ère visite. La prévalence de la mention PJ est de 4.09% (IC95% : 4.05%-4.14%). Parmi ces patients 23244 (71%) avaient eu une CS et 9349 (29%) au moins deux CS pendant le suivi. Environ 7 patients ayant une mention PJ sur 10 avaient un trouble cognitif majeur avec démence au moment du 1er diagnostic comparativement à 5 sur 10 patients sans mention PJ. Les facteurs associés à la 1ère mention de PJ chez les patients avec plusieurs consultations sans mention PJ à la 1ère consultation sont : la consultation dans un CMRR (aOR=1.13 IC95%:1.07-1.20) ; un faible score MMSE (MMSE<25 aOR=1.35 IC95%:1.26-1.45) ; la présence d'un trouble cognitif majeur avec démence (aOR=5.99 IC95%:4.77-7.64) ou sans démence (aOR=3.94 IC95%:3.14-5.01) ; vivre sans conjoint (aOR=3.52 IC95%:3.29-5.76) et vivre en structure médicalisée (aOR=3.68 IC95%:3.33-4.06) par rapport à vivre avec son conjoint. Pour un AUC de 0.60 (IC95% : 0.59-0.61) et une sensibilité du score à 50%, nous avons déterminé un score d'orientation vers une mise sous PJ fixé à 202.
Conclusion |
La faible proportion de mention de PJ dans la BNA montre la nécessité d'un score de mise sous PJ qui guiderait les cliniciens gériatres dans leur pratique quotidienne.
Mots clés BNA ; Protection judiciaire ; Alzheimer et troubles apparentés ; gériatrie ; épidémiologie
Déclaration de liens d'intérêts Les auteurs n'ont pas précisé leurs éventuels liens d'intérêts
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 70 - N° S2
P. S101-S102 - mai 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.