La paralysie des mouvements conjugués des yeux associée à un accident vasculaire cérébral a été décrite pour la première fois par Prevot en 1865. Les lésions limitées à la région du noyau abducens sont rares.

Un homme de 61 ans ayant des antécédents de diabète et de dyslipidémie, avait été admis aux urgences 12heures après une diplopie et un épisode de vertige transitoire. L’examen clinique montrait une déviation conjuguée des globes oculaires vers la droite avec une paralysie du regard vers le côté gauche. Les saccades horizontales, les mouvements de poursuite et les mouvements oculocéphalogyres étaient absents. La convergence et les mouvements verticaux des yeux étaient normaux. Le réflexe pupillaire était normal sans paralysie faciale périphérique associée. L’IRM cérébrale trouvait sur les séquences de Diffusion, Flair et T2 un hypersignal punctiforme au niveau dorsomédial du tegmentum pontique gauche. Le bilan paraclinique était en faveur d’une athérosclérose. Le patient avait reçu de l’aspirine et de l’atorvastatine. Huit jours plus tard, la déviation conjuguée des yeux avait disparu. Trois semaines après le début des symptômes, la paralysie de latéralité avait été résolue.

Le syndrome abducens isolé est extrêmement rare, car la lésion doit être limitée à la zone du noyau sans atteindre les structures adjacentes. L’absence du regard horizontal unidirectionnel pour les saccades, la poursuite oculaire et les réflexes vestibulo-oculaires localise la lésion au niveau du noyau abducens ipsilatéral. Les patients présentant une déviation conjuguée des yeux due à une lésion du tronc cérébral ont montré un pronostic favorable en quelques semaines.

Ce cas clinique montre que de petites lésions pontiques peuvent endommager le noyau abducens causant une paralysie de fonction oculaire sans paralysie faciale périphérique associée.