Chez qui, comment et pourquoi dépister une hypertension pulmonaire thromboembolique chronique ? - 24/02/22
Résumé |
La perméabilité du lit artériel pulmonaire est généralement restaurée dans les premiers mois qui suivent un épisode aigu d’embolie pulmonaire (EP). Par conséquent, aucune imagerie de suivi systématique n’est recommandée après EP. Cependant, certains patients ont des thrombus qui persistent et s’organisent dans les artères pulmonaires, ce qui peut entraîner une hypertension pulmonaire thromboembolique chronique (HTP-TEC), complication rare mais potentiellement mortelle si elle n’est pas identifiée et traitée correctement. L’HTP-TEC complique de 1 à 3 % des EP aiguës, ce chiffre contrastant avec le nombre relativement élevé de patients qui signalent une dyspnée ou une mauvaise tolérance à l’effort plusieurs mois après une EP aiguë. Dans ce contexte, il est important de dépister une possible HTP-TEC, affection traitable par chirurgie, angioplastie et/ou traitement médical. Une dyspnée persistante ou s’aggravant et une limitation à l’effort sont fréquemment présents six mois à trois ans après un épisode aigu d’EP. La proportion de patients déclarant que leur état de santé est pire au suivi de six mois qu’il ne l’était au diagnostic d’EP varie de 20 à 75 %, soulignant la fréquence de cette plainte non spécifique. L’existence d’une dyspnée persistante après EP est associée à un âge plus avancé, l’existence de comorbidités cardiorespiratoires, un indice de masse corporelle élevé, des antécédents de tabagisme, une pression artérielle pulmonaire (PAP) systolique élevée au diagnostic ainsi que l’existence d’une dysfonction ventriculaire droite au diagnostic d’EP, ainsi qu’à une obstruction vasculaire pulmonaire résiduelle persistante après EP. Des études de cohorte ont suggéré que le déconditionnement musculaire, notamment en présence d’un indice de masse corporelle élevé et de comorbidité cardio-respiratoire, est en grande partie responsable de la dyspnée et des signes de limitation à l’effort fréquemment rapportés après EP aiguë. Cela signifie qu’une mauvaise tolérance à l’effort après EP n’est en général pas lié à la persistance de thrombus résiduels importants ou à une dysfonction ventriculaire droite. Dans ce contexte de dyspnée persistante après EP, le diagnostic d’HTP-TEC se fonde sur les résultats d’examens complémentaires effectués après au moins 3 mois d’anticoagulation efficace (pour distinguer cette complication chronique de l’épisode d’EP aiguë lui-même). Évoqué à l’échocardiographie Doppler, le diagnostic d’HTP-TEC nécessite (i) la mesure par cathétérisme cardiaque droit d’une PAP moyenne à plus de 20mmHg et d’une PAP d’occlusion inférieure ou égale à 15mmHg, (ii) des défauts de perfusion sur la scintigraphie pulmonaire de ventilation et perfusion de dépistage et (iii) des signes d’HTP-TEC sur l’angioscanner thoracique ou l’angiographie pulmonaire qui mettent en évidence des sténoses annulaires, des bandes intravasculaires et des occlusions complètes chroniques. Il est fondamental d’établir de façon formelle le diagnostic d’HTP-TEC afin de proposer une prise en charge par une équipe multidisciplinaire experte travaillant en centre de référence ou de compétence de l’hypertension pulmonaire qui pourra proposer un traitement chirurgical (endartériectomie pulmonaire), interventionnel (angioplastie pulmonaire par ballonnet) et/ou médical par vasodilatateurs pulmonaires.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Dépister, hypertension pulmonaire thromboembolique chronique
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Vol 47 - N° S
P. S8 - mars 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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