Partant d’une description clinique de l’annonce de diagnostic d’une pathologie incurable, il s’agit de dévoiler l’impact intérieur et intime comme les croyances et les craintes par rapport à l’issue fatale, en interrogeant plus particulièrement la place de l’acceptation dans le processus psychique d’intégration.

Après un cheminement réflexif autour du vécu de la maladie létale, des vignettes cliniques viennent alimenter la réflexion en offrant un regard singulier sur la manière dont la maladie peut être vécue, de l’annonce à la phase ultime.

Etre atteint d’une pathologie incurable induit chez l’individu une lecture interne de toutes les sensations perçues avant-même l’annonce réalisée par le médecin. Ces sensations auraient un rôle prépondérant dans le processus d’intégration psychique de la maladie en participant à la mise en mots d’une réalité jusqu’alors ignorée ou travestie. Incertitude et sensations internes sont deux aspects emplis de subjectivité se nourrissant l’un et l’autre. L’annonce, en venant objectiver le mal, donnera un sens commun à une réalité sombre. Néanmoins, intégration ne signifie pas acceptation.

Si c’est effectivement en refusant cette réalité violente/violante et non en l’acceptant que le patient parviendra à vivre avec, alors l’acceptation serait un processus davantage mortifère qu’adaptatif en annihilant la qualité d’être pensant et désirant du sujet. L’acceptation éventuelle de la maladie incurable – et de l’objet mort qu’elle contient – conduirait à une fusion entre sujet et maladie, entre Eros et Thanatos et engendrerait une perte de l’élan vital voire de sensation de vie interne.

Si les croyances permettent d’en atténuer la violence, la souffrance que la maladie grave induit demeure et contraint le sujet à trouver d’autres processus de régulation, la part de l’inconscient n’étant pas négligeable dans ce cheminement intime. L’apaisement ultime résultant d’un long parcours peut ressembler chez certains à une forme d’acceptation alors qu’elle n’est bien souvent que l’expression d’une fatalité ou d’une résignation laissant à la maladie le loisir d’œuvrer comme bon lui semble.

Starting from a clinical description of the way a patient is diagnosed with an incurable condition, this paper then explores the intimate and inner impact of this announcement (such as the beliefs and the fears related to the fatal outcome) while more specifically questioning the place of acceptance within the mental process of integration.

After a reflection on patients’ experiences of terminal illness, clinical vignettes allow us to deepen our understanding, offering a singular perspective on the way in which disease can be experienced, from the day of its announcement to its terminal phase.

Suffering from an incurable pathology implies, for each patient, an inner “rereading” of all their previous perceived sensations, even before the announcement made by the physician. These sensations would have a predominant role in the process of the mental integration of the reality of the disease. They, indeed, participate in the materialization of a reality that would have been ignored or concealed so far. Uncertainties and inner feelings are two fully subjective aspects that nurture one another. The announcement, as an objectification of the patient's suffering, will give meaning to a grim reality. Nevertheless, integration of the information doesn’t necessarily mean acceptance.

If it, indeed, happens that refusing this upsetting reality is the only coping mechanism available to the patient, then acceptance would be deadly, rather than an adaptive, process, since it would deprive the subject of their power of thinking and desiring. The possible acceptance of the incurable condition – as well as the “dead object” that it contains – could lead to a fusion of subject and disease, of Eros and Thanatos, thus resulting in the loss of the subject's vital spark, or even their sensations of being internally alive.

If subjects’ beliefs enable them to alleviate and soothe its sudden violence, the pain and the suffering that a serious condition implies remain, and force the subject to find other coping strategies. We cannot underestimate the part of the unconscious in this inner journey. The final peacefulness observed after a long and ongoing battle with illness can look like a form of acceptance for some people whereas it is most often the expression of the subject's sense of inevitability or resignation, of allowing the disease to fulfill its destiny unhindered.