L’observance thérapeutique est initialement bonne au cours des rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC), en particulier au moment de la poussée inaugurale de la maladie. Elle diminue ensuite et après 12 à 24 mois, 15 à 20 % des patients ne sont plus observants, ce qui explique, pour une part, les poussées ultérieures de la maladie. L’objectif de cette étude était de quantifier les oublis, arrêts et modifications des traitements réalisés par les patients et de rechercher les facteurs associés à cette non observance, en tenant compte des croyances médicales individuelles des patients.

Il s’agit d’une étude transversale quantitative et qualitative réalisée chez 102 patients suivis en consultation, depuis plus d’un an, dans un CHU, pour un RIC justifiant un traitement de fond par méthotrexate ou biothérapie. L’interrogatoire, d’une durée de 45 à 60minutes du patient a été réalisé à l’aide d’un questionnaire standardisé comportant des questions fermées et ouvertes pour permettre au patient d’exprimer ses opinions et croyances. L’interrogatoire a été réalisé par un observateur extérieur, non médecin, mais formé aux thérapeutiques et a permis de recueillir l’âge, l’IMC, la profession, le niveau d’étude, le lieu de vie, l’activité physique, les caractéristiques du RIC, les consommations alimentaires et les croyances du patient en termes de nutrition, activité physique, tabac, alcool, régimes, vaccins, homéopathie. L’adhésion à l’homéopathie a été évaluée à l’aide d’une échelle visuelle allant de 1 (adhésion nulle) à 10 (forte adhésion).

L’étude comporte 69 femmes et 33 hommes, âgés en moyenne de 55 ans, avec 63 PR, 27 SP et 12 RIC inclassés, traités majoritairement par méthotrexate (n=46), anti TNF alpha (n=48), abatacept (n=16). L’adhésion à l’homéopathie est élevée (score entre 7 et 10) chez 25 % des patients. La confiance envers le vaccin contre la Covid 19 est faible chez 30 % des patients. Pour les traitements de fond du RIC, 30 patients disent oublier régulièrement la prise et 12 patients ont modifié la posologie ou stoppé le traitement à l’insu de leur rhumatologue. L’analyse en régression logistique montre que la non observance du traitement n’est pas associée avec l’âge, le sexe, le niveau d’étude, le type de RIC ou son ancienneté, la pratique d’un régime, l’adhésion à la vaccination mais en revanche fortement associé avec l’adhésion à l’homéopathie : RR= 1,2 ; p<0,01 (pour chaque point supplémentaire d’adhésion à cette thérapeutique) et l’utilisation du méthotrexate par voie orale : RR=3,08 ; p=0,011. Le taux de patients oubliant leur traitement de fond est de 22 % chez les patients qui attribuent une note de 1 à 3 à l’homéopathie, et grimpe à 60 % chez les patients avec un score compris entre 8 et 10.

Cette étude montre que plus de 30 % des patients souffrant d’un RIC confirmé et traité en milieu hospitalier stoppent, modifient ou oublient régulièrement leur traitement de fond, à l’insu de leur rhumatologue. La prescription du méthotrexate par voie orale est associée à la non observance. L’adhésion à l’homéopathie, qui concerne 25 à 40 % des patients, est très fortement associée avec la non observance et favorise donc probablement l’évolutivité des RIC et le recours à des thérapeutiques complexes.