Maintien des traitements hypouricémiants après initiation et impact sur le risque cardiovasculaire à 5 ans : étude sur la base de données LRx - 27/11/21
Résumé |
Introduction |
Les traitements hypouricémiants (THU ; allopurinol : ALLO et fébuxostat : FBX) sont recommandés pour le traitement de fond de la goutte. Les objectifs de cette étude étaient d’analyser :
– le maintien des THU à la suite de leur initiation ;
– l’impact au long cours du THU sur le risque cardiovasculaire (CV).
Patients et méthodes |
La base LRx regroupe les données de délivrance de près de 45 % des pharmacies françaises. Les patients ayant initié un THU en 2016 (pas de dispensation dans l’année précédente) et ayant bénéficié de délivrances régulières (tout médicament/dispositif) auprès du réseau de pharmacies LRx jusque fin 2020 étaient inclus. Un modèle de Cox multivarié a permis d’étudier les facteurs associés au maintien du THU dans le temps. Dans la même cohorte, le maintien du THU a été comparé à celui d’autres traitements de maladies chroniques. Le parcours thérapeutique (poursuite, changement de dose ou de type de THU, arrêt) a également été évalué. L’impact de l’initiation d’un THU sur le risque CV a été étudié dans le sous-groupe des patients âgés de plus de 50 ans sans délivrance de traitement CV (antidiabétiques, antiagrégants, antihypertenseurs, diurétiques, statines) dans l’année précédant l’initiation du THU. L’incidence des traitements CV (≥2 délivrances) a été comparée entre les patients ayant initié un THU (avec/sans colchicine) et ceux traités par colchicine sans coprescription de THU à l’aide d’une régression logistique.
Résultats |
En 2016, 74 665 patients (âge moyen±ET : 70±13 ans, 64 % d’hommes) avaient initié un THU, principalement en médecine générale (77 %). L’ALLO était initié chez 68 % des patients (100mg/j : 56 %, 200mg/j : 32 %, 300mg/j : 8 %) ; le FBX chez 32 % (80mg/j : 85 %). La colchicine a été coprescrite chez 34 % des patients. Les facteurs associés à un meilleur maintien du THU étaient le sexe masculin, l’âge<70 ans, la prescription initiale par un médecin généraliste, et la coprescription de colchicine. À l’inverse, le prescripteur initial hospitalier était associé à un moins bon maintien du THU (tous p<0,0000001). La moitié des patients avaient arrêté le THU après 316 jours. Ce délai était plus court que celui observé avec les antidiabétiques (894 jours), les IEC/sartans (725 jours), les antiagrégants (718 jours) au sein de cette même population. Un changement de la dose délivrée ou du type de THU n’a été observé que chez une minorité de patients. La dose quotidienne de colchicine était associée à un risque moindre de débuter un traitement cardiovasculaire (OR par quartile : 0,93 [0,91 ; 0,96]), indépendamment de la coprescription avec un THU.
Discussion |
Les forces de cette étude sont la taille de l’échantillon et le recul sur 5 ans. Les limites sont le manque d’informations cliniques sur les patients (diagnostic, uricémie, comorbidités, etc.) et un possible manque d’exhaustivité, le réseau LRx ne couvrant d’une partie des officines françaises.
Conclusion |
Cette étude suggère que le traitement de fond de la goutte reste largement sous-optimal en France, notamment en comparaison avec d’autres pathologies chroniques. En outre, nos résultats confirment le bénéfice cardiovasculaire de la colchicine.
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Vol 88 - N° S1
P. A40 - décembre 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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