Les manifestations systémiques et auto-immunes au cours du syndrome H : une série de 13 cas - 24/11/21

Résumé |
Introduction |
Le syndrome H, correspond à une nouvelle forme d’histiocytose systémique de nature non langerhansienne, décrite pour la première fois en 2008 par Molho-Pessach et elle est secondaire à des mutations du gène SLC29A3 codant la protéine de transport nucléotidique (ENT3). Il se caractérise par une triade clinique comportant une hyperpigmentation cutanée scléreuse et hypertrichotique, des déformations ostéoarticulaires à type de camptodactylie et/ou d’hallux valgus et une surdité. Le syndrome H peut s’accompagner de façon non fortuite de diverses maladies systémiques ou de manifestations auto-immunes. L’objectif de ce travail était d’analyser les caractéristiques épidémiocliniques et profil d’associations pathologiques du syndrome H à travers une série de 13 cas.
Patients et méthodes |
Il s’agit d’une étude rétrospective et bicentrique étendue sur une période de 20 ans entre 2000 et 2020 colligeant tous les cas de syndrome H confirmés sur le plan moléculaire dans les services de dermatologie et de vénérologie de l’hôpital Farhat Hached de Sousse et de l’hôpital Hédi Chaker de Sfax.
Résultats |
Notre étude du syndrome H intéressait 7 femmes et 6 hommes (sex-ratio H/F=0,85) d’âge moyen 30,61 ans. Douze patients étaient issus d’un mariage consanguin dont 4 membres étaient apparentés. L’analyse moléculaire du gène SLC29A3 montrait 3 mutations (Arg363Gln [11 cas], p.Pro324Leu, [3 cas], c.300+1G>A [1 cas] : 11 à l’état homozygote et 2 hétérozygote composites). L’atteinte cutanée était constante et quasiment similaire chez tous nos patients à type d’hyperpigmentation cutanée [13 cas], scléreuse [12 cas], hypertrichotique [10] atteignant préférentiellement les cuisses [12 cas] et les jambes [10 cas]. Les manifestations extracutanées notées chez nos patients étaient réparties en atteinte articulaire (camptodactylie [11 cas], hallux valgus [10 cas]), atteinte auditive (surdité de perception [6 cas], surdité de transmission [1 cas], surdité mixte [1 cas], troubles de l’élocution [4 cas], acouphènes [3 cas]), atteinte endocrinienne (hypogonadisme [4 cas], diabète [3 cas], hypertriglycéridémie [3 cas], petite taille [2 cas], gynécomastie [2 cas], hyperthyroïdie [1 cas]), atteinte ophtalmique (Gérontoxon [4 cas], syndrome sec oculaire [3 cas], épisclérite [1 cas], atrophie choriorétinienne [1 cas]), atteinte cardiaque (épanchement péricardique [3 cas], hypertrophie ventriculaire [2 cas], insuffisance valvulaire [2 cas], HTA [2 cas], ACFA [1 cas], insuffisance cardiaque [1 cas]) et organomégalies (hépatomégalie [4 cas], splénomégalie [2 cas], cardiomégalie [1 cas]). Sur le plan biologique, une anémie était objectivée dans 10 cas et un syndrome inflammatoire biologique était présent dans 8 cas. Les anticorps antinucléaires étaient positifs chez 3 patientes atteintes du syndrome sec oculaire. Leur typage avait révélé une positivité des anticorps SSA, SSB permettant de retenir dans les 3 cas le diagnostic du syndrome de Gougerot–Sjögren (SGJ).
Discussion |
Notre étude est la plus large série traitant le syndrome H dans la littérature Tunisienne. Le spectre clinique du syndrome H reflète une diversité phénotypique à l’origine d’une variabilité intra- et inter-familiale. Le phénotype cutané est comparable à celui rapporté dans la littérature. Les manifestations extracutanées lors du syndrome H sont fréquentes, polymorphes et méritent d’être connues afin d’éviter certaines errances diagnostiques. Nos résultats s’accordent avec la littérature quant à la prédominance des signes ostéoarticulaires (camptodactylie, hallux valgus) et auditives (surdité) permettant d’évoquer le diagnostic du syndrome H en particulier lorsque les signes cutanés sont discrets. Le retard statural et l’hypogonadisme sont des manifestations endocriniennes évocatrices du syndrome H comme celles observées dans notre série. Par ailleurs, l’association entre spondylarthrite ankylosante et syndrome H n’a été rapportée qu’une seule fois auparavant par Haider et al. en 2019. Les désordres immunologiques sont très rares et inhabituels. Cependant, l’association avec des maladies auto-immunes notamment une hépatite auto-immune et une maladie cœliaque ont déjà été, rapportées dans la littérature. À notre connaissance, nous rapportons pour la première fois la survenue de syndrome de Gougerot–Sjögren au cours du syndrome H.
Conclusion |
Notre étude suggère que le syndrome H recouvre un spectre clinique hétérogène comprenant, d’une part, un tableau typique fait de lésions pigmentées scléreuses hypertrichotiques des cuisses et des jambes, et d’autre part, des signes extracutanés qu’il faudra rechercher devant toute suspicion du syndrome H.
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Vol 42 - N° S2
P. A385-A386 - décembre 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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