Thrombopénie en transplantation rénale: une complication sous-estimée, fréquente et sévère - 24/11/21

Résumé |
Introduction |
La transplantation rénale s’est imposée comme le meilleur traitement de suppléance rénale en cas d’insuffisance rénale chronique terminale. Elle peut se compliquer de nombreux effets indésirables dont les plus fréquents sont les complications hématologiques. Parmi elles, l’anémie post-transplantation est la plus décrite et est associée à un moindre fonctionnement du greffon et un surrisque de mortalité. Peu d’études s’intéressent à la thrombopénie post-transplantation (TPT) rénale.
Patients et méthodes |
Nous avons donc réalisé une étude rétrospective monocentrique entre 2002 et 2018 dont l’objectif principal était de déterminer l’incidence de ces TPT. Une TPT était définie par un taux de plaquettes inférieur à 100G/L après le premier mois post-greffe. Les objectifs secondaires étaient de décrire les facteurs de risque, les étiologies, les complications hémorragiques selon le score hémorragique, les traitements mis en place et l’évolution à long terme concernant les décès, les pertes de greffon et les épisodes de rejet des TPT.
Résultats |
Un total de 189 patients a été inclus sur cette période ce qui, rapporté aux 2118 patients suivis sur la même période dans notre centre, représentait une prévalence des TPT de 8,9 %. Les patients avaient 57 ans en moyenne. Les thrombopénies sévères (<50G/L) avaient une incidence sur la même période de 4.1 % et représentaient 46 % des patients de notre étude où le nadir moyen du taux de plaquettes était de 51G/L. La durée moyenne de suivi des patients était de 7 ans et la TPT survenait en moyenne 17,5 mois après la greffe. La TPT était de cause multiple dans 23,8 % des cas, mais les deux causes les plus fréquentes étaient les infections (32,7 %) dans la majorité des cas en lien avec une maladie à CMV (19 %) et les causes médicamenteuses (39,6 %) notamment le mycophénolate mofétil (7,9 %) et l’azathioprine (8,4 %). Une thrombopénie auto-immune était retrouvée dans 10,5 % des cas. Les complications hémorragiques survenaient chez un patient sur trois, avec des saignements sévères (score hémorragique>8, en moyenne 15) dans 64,5 % des cas. Six patients sont morts de complications hémorragiques pendant la durée de leur TPT. L’évolution à long terme montrait que plus d’un patient sur deux (54,4 %) décédait ou perdait son greffon en moyenne 5 ans après l’épisode de thrombopénie. Les facteurs de risque associés de manière statistique aux décès ou à la perte de greffon était la pancytopénie ou la présence d’un saignement (p<0,05). La cause de la TPT ne semblait pas être associée au risque hémorragique, au risque de décès ou de rejet à long terme.
Conclusion |
En conclusion, nous décrivons une complication sous-estimée mais fréquente de la transplantation rénale avec des conséquences particulièrement sévères à moyen terme avec un risque de saignement chez un patient sur trois pendant la durée de leur TPT. L’évolution à long terme était marquée par une perte de greffon ou un décès dans un cas sur deux en moyenne 5 ans après l’épisode.
La force de cette étude vient de l’exhaustivité des données avec l’ensemble des dossiers des patients suivis sur le CHU qui ont été étudiés. Les faiblesses sont notamment le caractère rétrospectif, l’absence de groupe contrôle pour tirer des conclusions définitives et la non-validation du score hémorragique dans cette population. Des études ultérieures seront nécessaires pour confirmer ces données mais les patients présentant une TPT devraient être suivis de façon attentive pendant les cinq années après la découverte de la thrombopénie.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 42 - N° S2
P. A272 - décembre 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?