Syndrome de Sézary apparu sous anti-IL-5 - 20/11/21
Résumé |
Introduction |
Les anti-IL-5, inhibiteurs de la voie Th2, ont récemment été développés dans le traitement de l’asthme sévère. Nous rapportons le premier cas de syndrome de Sézary (SS) apparu sous benralizumab.
Matériel et méthodes |
Un patient de 74 ans était traité par benralizumab pour un asthme sévère. Un mois après son introduction, il développait une érythrodermie associée à une kératodermie palmoplantaire. Histologiquement, il s’agissait d’une infiltration cutanée dermique de cellules lymphoïdes de taille petite à moyenne, atypiques, au noyau irrégulier, et avec épidermotropisme discret. L’immunophénotypage sanguin objectivait une hyperlymphocytose TCD4 comprenant 20% de cellules T atypiques CD7+, CD26− et CD158k+, soit 0,6G/L de cellules de Sézary, avec un ratio CD4/CD8 augmenté à 6 et un pic monoclonal T identique dans le sang et la peau. Le diagnostic de SS au stade IVB1b était retenu. Un dosage des cytokines plasmatiques était réalisé par Luminex®, en comparant avec le plasma de 2 patients ayant un SS de même stade au diagnostic, et 2 donneurs sains. Comparativement aux autres patients SS, notre patient présentait des taux élevés d’éotaxine, d’IL-4, d’IL-17 et de CCL3, et un taux faible de CXCL10. Le taux d’IL-5 était bas sur tous les prélèvements. Le patient était traité par photochimiothérapie extracorporelle et méthotrexate, avec une poursuite du benralizumab, permettant un bon contrôle de son SS et de son asthme.
Discussion |
Le SS est associé à une bascule progressive d’un profil anti-tumoral Th1 à un profil Th2, plus favorable à la prolifération tumorale. L’inhibition de la voie Th2 pourrait donc être bénéfique chez les patients ayant un SS, mais notre observation ainsi que des cas rapportés d’aggravation ou de développement de SS sous dupilumab (anti-IL-4/13) suggèrent l’existence de phénomènes paradoxaux. Nous avons observé chez notre patient une élévation franche de l’eotaxine et une élévation plus modérée de l’IL-4, qui sont des acteurs de l’inflammation Th2 dans l’asthme, mais aussi le SS. De même, des études récentes suggèrent le rôle de l’IL-17 dans l’échappement à l’immunité anti-tumorale dans le SS. Par ailleurs, CCL3 est une chimiokine dont le ligand est CCR4, un récepteur des cellules tumorales et des T régulateurs particulièrement impliqué dans le développement du SS. Enfin, la diminution de CXCL10 pourrait participer à la perte de l’épidermotropisme des cellules de Sézary et à leur circulation dans l’organisme. Toutefois, des études dédiées sont nécessaires pour établir un lien de causalité entre l’inhibition de l’IL-5 et ces anomalies immunologiques ayant pu participer au développement du SS chez notre patient. Notre observation rappelle que les conséquences immunologiques de l’inhibition thérapeutique de voies cytokiniques restent mal connues, et incite à la prudence vis-à-vis de ce type d’effet indésirable à l’heure où les inhibiteurs de cytokines se multiplient sur le marché.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Anti-IL-5, Benralizumab, Lymphome cutané, Syndrome de sézary
Plan
Vol 1 - N° 8S1
P. A184-A185 - décembre 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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