Déni de grossesse et accouchement inopiné à domicile : discussion des causes de décès fœtal et de l’imputabilité d’une consommation maternelle d’ecstasy - 18/11/21
Résumé |
Objectif |
Établir les causes d’un décès fœtal est un problème complexe pour le médecin légiste. Au-delà du contexte médico-légal, l’expert doit notamment être en mesure d’apporter des réponses quant à la viabilité du fœtus au moment du décès, d’éliminer une mort fœtale in-utéro et de déterminer si la mort est en lien avec une cause fœtale, une cause maternelle, une cause placentaire, ou simplement liée à des complications obstétricales.
Description du cas |
Les auteurs présentent ici le cas d’une jeune femme de 21 ans ayant donné naissance inopinément à un fœtus, au décours d’une soirée festive. N’ayant pas connaissance de cette grossesse (régularité des cycles menstruels et utilisation d’une contraception hormonale), aucun suivi obstétrical n’avait été réalisé. Elle aurait présenté de violentes douleurs abdominales et aurait expulsé une masse dans les toilettes. Le corps du fœtus, contenu dans la poche des eaux et le placenta avaient été découverts au fond de la cuvette.
Méthode |
Une autopsie médico-légale a été réalisée conjointement par un médecin légiste et un spécialiste en fœtopathologie. Des prélèvements à visées histologique, toxicologique et génétique ont été effectués. L’autopsie et les examens d’imagerie post-mortem étaient en faveur d’un âge gestationnel estimé à 31–32 semaines d’aménorrhées. Un syndrome asphyxique important et une congestion multi-viscérale aspécifiques ont été mis en évidence.
Résultats |
Les analyses histologiques menées sur les viscères fœtaux ont révélé une maturation du tissus pulmonaire et du muscle squelettique conformes au terme, mais insuffisante pour assurer une respiration active et une oxygénation sanguine. L’analyse microscopique du placenta était en faveur d’une chorioamniotite aiguë, vraisemblable cause de l’expulsion fœtale prématurée. Les analyses toxicologiques ont mis en évidence, une exposition au cannabis dans les urines (Δ9-THC à 9ng/ml) et les cheveux (51pg/mg), ainsi que la présence d’ecstasy ou MDMA (48ng/ml) et de son métabolite ou MDA (2ng/ml) dans le sang fœtal.
Discussion |
Devant ces résultats, l’étude a été complétée par l’analyse des cheveux, du méconium, des urines, de la bile et du contenu gastrique du fœtus, qui ont également révélé la présence de MDMA. Les cheveux de la mère ont également été analysés afin de connaître son profil toxicologique, qui a mis en évidence une consommation régulière de cannabis et une consommation unique d’ecstasy au moment des faits.
Conclusion |
Les auteurs tentent d’expliquer dans cette présentation le cheminement réalisé afin de déterminer la cause du décès et la part d’imputabilité de la consommation de toxiques chez la mère dans la survenue du décès. Ce cas illustre l’intérêt de la réalisation systématique d’analyses toxicologiques dans les cas de mort fœtale et la nécessité d’un travail pluridisciplinaire, issu de la collaboration entre médecins légistes, fœtopathologistes et toxicologues, élément indispensable afin de répondre dans les meilleures conditions aux questionnements des magistrats, mais aussi des familles en deuil.
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Vol 33 - N° 4
P. 250 - décembre 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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