Les infections opportunistes (IOs) sont responsables d’une lourde morbi-mortalité après transplantation rénale. L’objectif de l’étude était de réexaminer leur épidémiologie et leur facteurs de risque avec les traitements immunosuppresseurs et prophylactiques actuels.

Tous les patients majeurs greffés rénaux dans notre centre de 2004 à 2015 ont été suivis jusqu’en 2017. Les données clinico-biologiques ont été obtenues des dossiers médicaux informatisés.

L’incidence et les marqueurs de risque d’IOs ont été déterminés en utilisant des modèles statistiques innovants, à fragilités partagées ou conjointes, particulièrement adaptés aux événements récurrents.

Sur 1144 patients suivis pendant 5,9±3 ans, 373 (33 %) ont présenté 544 IOs. Les maladies à CMV (213), zonas (99), candidoses oropharyngées (71) et néphropathies à BK-virus (43) représentaient 78 % des IOs (Fig. 1A et B). Le taux d’incidence était 9,5 fois plus élevé au cours des 310 premiers jours post-greffe (34,7 vs 3,6 IOs/100 patients/an ensuite, Fig. 1C). Seules certaines IOs contribuaient à ce risque initial accru alors que d’autres avaient un taux d’incidence constant au cours du temps (Fig. 1D). En analyse multivariée, les facteurs de risque indépendants étaient l’âge du donneur (RR=1,2 par tranche de 10 ans p=3,8×10–4), le sérostatus CMV (RR=1,2, 1,8 et 3,6 pour les patients D-R+, D+R+ et D+R-, p<10–12) et une lymphocytose abaissé (RR=1,05 par diminution de 0,1 G/L de la lymphocytose, p=1,2×10–5). Faire une IO était un marqueur de fragilité avec un risque accru d’IOs ultérieures (p<10–16) mais aussi de mort rénale (p=1,4×10–3).

La première année après greffe rénale est à très haut risque d’IOs, mais ce risque précoce est dominé par le CMV. À l’inverse, il existe un surrisque constant de faire un zona, une infection fongique invasive ou parasitaire. La survenue d’IOs prédispose à d’autres IOs et à la mort rénale, et pourrait être intégrée dans des outils de prédiction dynamique de ces événements.