La néphrotoxicité précoce des sels de lithium au cours du trouble bipolaire reste hypothétique. L’objectif de cette étude était d’identifier les déterminants du débit de filtration glomérulaire mesuré (DFGm) et la valeur diagnostique de l’IRM rénale dans la détection précoce de la néphrotoxicité.

217 patients adultes consécutifs traités par lithium ont été systématiquement évalués avec une mesure de DFG.

Une IRM rénale était réalisée chez 99 patients avec séquences type echo de spin demi Fourier et echo de spin à train d’échos.

L’âge médian était de 51 [27-62] ans, et la durée médiane de traitement par lithium était de 5 [2-14] ans. 52 % des patients présentaient une MRC stade 2. En analyse multivariée, les déterminants d’un DFGm plus bas étaient une durée de traitement plus longue (β −0,8 [−1 ; −0,6] ml/min/1,73m² pour chaque année de traitement), un âge plus élevé (β −0,4 [−0,6 ; −0,3] ml/min/1,73m² pour chaque année), l’albuminurie (β −3,97 [−6,6 ;−1,3], p=0,003), l’hypertension (β −6,85 [−12,6 ;−1,1], p=0,02) et l’hypothyroïdie (β −7,1 [−11,7 ;−2,5], p=0,003). La lithémie n’était pas associée au DFGm. En IRM, des microkystes rénaux étaient détectés chez 51 % des patients, dès un an de traitement. Le DFGm et la durée de traitement par lithium étaient fortement corrélés chez les patients ayant des microkystes (r=−0,64, p<0,001), contrairement à ceux n’en ayant pas (r=−0,24, p=0,09). La présence de microkystes était associée à la détection d’un DFGm<45ml/min/1,73m² (AUC 0,893, p<0,001, sensibilité 80 %, spécificité 81 % pour une valeur seuil de 5 microkystes) (Fig. 1).

Outre les facteurs de risque connus de MRC, la durée de traitement par lithium impactait fortement le DFG indépendamment de l’âge, particulièrement en présence de microkystes. L’hypothyroïdie était aussi indépendamment associée à la fonction rénale. L’IRM rénale pourrait donc détecter la néphrotoxicité précoce et irréversible du lithium et aider quant aux stratégies préventives.