Moulin-Quignon et Homo heidelbergensis. Contextes épistémologiques et enjeux taxinomiques - 25/08/21
Moulin-Quignon and Homo heidelbergensis. Epistemological contexts and taxonomic issues
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Résumé |
En 1863, lorsqu’une mandibule humaine est découverte dans la carrière de Moulin-Quignon (Abbeville, Somme), elle contribue à la démonstration de Jacques Boucher de Perthes (1788–1868) prouvant l’existence d’un homme antédiluvien, artisan des bifaces récoltés à plusieurs mètres de profondeur, juste au-dessus du substrat de craie. Cette découverte est cependant rapidement mise en doute sur le plan archéologique ce qui finira par disqualifier jusqu’au site lui-même et les industries qu’il avait livrées. Le ré-examen récent de ces fossiles mis au jour en 1863 (une mandibule) et en 1864 (28 ossements et dents) conservés aujourd’hui au Muséum national d’Histoire naturelle (musée de l’Homme) a permis de confirmer leur attribution à Homo sapiens. À la lueur des connaissances actuelles, cette attribution est incompatible avec la dite provenance stratigraphique de ces restes anthropologiques. L’âge du niveau est maintenant estimé entre 670–650 000 ans alors que des datations directes de ces ossements par le radiocarbone les font remonter à une période historique, entre le XIIIe siècle et le XVIIIe siècle, ce qui confirme leur nature intrusive dans le gisement. Après avoir rappelé ces découvertes et redécouvertes, nous nous demanderons quel est l’Homme qui aurait pu être celui de Moulin-Quignon. Ce sera l’occasion d’un bilan, dans le contexte des bouleversements taxinomiques des années 1950–60, sur l’évolution humaine en Europe occidentale au Pléistocène moyen où les récentes découvertes attestent d’une importante variabilité parmi les Homo heidelbergensis dont certains sont déjà fortement engagés dans la lignée néandertalienne. Cette rétrospective suivra volontairement le cours des recherches en paléo-antropologie tout au long du XXe siècle de façon à faire ressortir, au grè des découvertes, les changements de paradigmes et de pratiques.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Abstract |
In 1863, when a human mandible was discovered in the quarry of Moulin-Quignon (Abbeville, Somme), it completed the demonstration of Jacques Boucher de Perthes (1788–1868) proving the existence of an ante-diluvian man. However, this discovery was quickly questioned and would eventually disqualify even the site itself and the industries it had delivered. The recent re-examination of these fossils brought to light in 1863 (one mandible) and 1864 (28 bones and teeth), now housed at the Muséum national d’Histoire naturelle (musée de l’Homme), has confirmed their attribution to Homo sapiens. In the light of current knowledge, this attribution is incompatible with the stratigraphic provenance of these anthropological remains, whose age is estimated between 670–650,000 years. In fact, direct radiocarbon dating of these bones dates them back to a historical period, between the 13th and 18th centuries, which confirms their intrusive nature in the deposit. In this paper, after describing the discovery and rediscovery of the site, we will question who is the man who could have been discovered at Moulin-Quignon. This will be the occasion for a review of human evolution, in the context of the taxonomic upheavals of the 1950s and 1960s, in Western Europe in the Middle Pleistocene, where recent discoveries attest to a significant variability among Homo heidelbergensis, some of which are already strongly involved in the Neanderthal lineage. This retrospective will voluntarily follow the course of paleo-antropological research throughout the 20th century in order to highlight, as discoveries are made, changes in paradigms and practices.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Homme antédiluvien, Boucher de Perthes, Pléistocène moyen, évolution humaine, Néandertal, Homo heidelbergensis
Keywords : Ante-diluvian Man, Boucher de Perthes, Middle Pleistocene, Human evolution, Neandertal, Homo heidelbergensis
Plan
☆ | Cet article est publié dans le cadre du dossier coordonné par Arnaud Hurel, Jean-Pierre Fagnart, Noël Coye « État des connaissances sur la préhistoire et l’histoire des recherches en vallée de la Somme (XIXe–XXIe siècles) » préparé au titre du colloque international « Toute une (pré)histoire en Somme » qui s’est tenu les 22–24 novembre 2018 à Abbeville (Somme, France). |
Vol 125 - N° 3
Article 102898- juillet 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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