Et si on changeait de paradigme ? Autodiagnostic et autotraitement pour le paludisme des personnes isolées d’Amazonie : résultats d’un projet de recherche opérationnelle innovant - 03/08/21
Résumé |
Introduction |
À contexte extraordinaire, réponse innovante. Une recherche opérationnelle à grande échelle a été mise en oeuvre dans un contexte transfrontalier en Amazonie, visant à tester une nouvelle stratégie de contrôle du paludisme dans les zones d’orpaillage illégal. Les orpailleurs constituent un réservoir clé de paludisme dans la région, avec un risque d’émergence de résistances lié au mésusage de combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (ACT) provenant du marché informel.
Matériels et méthodes |
Notre étude de recherche opérationnelle a évalué l’efficacité de la distribution de kits d’autodiagnostic et d’autotraitement pour augmenter la bonne utilisation des ACT: traitement initié après un test de diagnostic rapide (TDR) positif, et conduit avec une bonne observance. Les orpailleurs consentant recevaient un kit après une formation dispensée par des médiateurs sur les zones stratégiques de passage transfrontalier. L’évaluation s’est basée sur des questionnaires aux participants lors des visites d’inclusion et de suivi, et sur des études transversales pré/post intervention. L’indicateur principal était la modification des comportements rapportés lors des études transversales. Étaient également évalués la bonne utilisation des kits et l’impact de la stratégie par une analyse de séries chronologiques interrompues (ITS) basée sur les données de surveillance du paludisme des pays frontaliers.
Résultats |
D’avril 2018 à mars 2020, 3 733 personnes ont participé à l’intervention et 1 098 aux études d’évaluation. L’utilisation appropriée d’un traitement précédée d’un diagnostic (en utilisant un kit ou en se tournant vers le système de santé) a augmenté de 54,2 % à 68,2 % (OR=1,8, IC95 % [1,1-3,0]) après l’intervention. L’observance au traitement était plus élevée lorsque le patient recevait des soins dans un centre de santé (91 % [89-94]) ou utilisait un kit (81 % [67-96]) qu’en cas d’automédication non réglementée (65 % [60-70]) (OR=5,4 [3,7-7,8]). Parmi les 303 participants déclarant avoir utilisé un kit lors des visites de suivi, 71,7% [65,8-77,7] l’avaient utilisé correctement. La prévalence du Plasmodium par PCR dans cette population a diminué entre 2015 et 2020. L’analyse ITS des données de surveillance estime à 46 % (IC95 % [7-62]) la majoration de la réduction de l’incidence du paludisme depuis la mise en oeuvre de la stratégie. Peu d’événements indésirables ont été signalés. La circulation des kits hors protocole est apparue limitée.
Conclusion |
Ce projet international innovant montre que des personnes avec un faible niveau d’instruction peuvent être formées à la prise en charge autonome du paludisme et changer leur comportement. Cette stratégie pourrait constituer un nouvel outil de lutte contre le paludisme dans d’autres régions confrontées à une situation similaire.
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Vol 51 - N° 5S
P. S30 - août 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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