Myopathies inflammatoires induites par les inhibiteurs de point de contrôle immunitaire : la reprise d’une immunothérapie est possible - 11/06/21
Résumé |
Introduction |
Les inhibiteurs de point de contrôle immunitaire (ICI), anti-CTLA-4 et anti-PD-1, ont révolutionné la prise en charge de certains cancers. Les myosites induites par les ICI (ICI-Myo) sont des effets secondaires rares mais potentiellement graves. Leur survenue nécessite un arrêt de l’immunothérapie et un traitement immunomodulateur dans la plupart des cas. En cas d’aggravation oncologique, la reprise d’un ICI est parfois envisagée, malgré le risque théorique de récidive d’une immunotoxicité. Rares sont les descriptions de patients chez qui l’ICI a été repris : l’objectif de cette étude rétrospective est d’en préciser la faisabilité.
Patients et méthodes |
Cette étude multicentrique rétrospective a inclus des patients ayant développé une Myosite suite à l’introduction d’un traitement par anti-PD-1 (n=17), l’association anti-PD-1+Anti-CTLA-4 (n=2), anti-PD-L1 (n=1) pour mélanome (n=16) ou tumeur broncho-pulmonaire (n=4). Les patients présentant une myocardite concomittante, dont l’issue malgré les traitements reste la plupart du temps fatale, ont été exclus (n=4). Les données cliniques, paracliniques et thérapeutiques de patients suivis entre 2016 et janvier 2020 ont été recueillies et analysées. Une rémission complète de l’ICI-Myo correspondait à l’absence de signe clinique et un taux de CPK normales. Dans le cas contraire, on considérait le patient en rémission partielle. Du point de vue oncologique, au moment de la dernière évaluation, chaque patient était considéré en réponse partielle, en réponse complète ou en progression par l’oncologue référent, selon les critères RECIST.
Résultats |
Parmi les 20 patients ayant présenté une ICI-Myo (16 hommes, 4 femmes, d’âge médian 70 ans, 45-87), onze (55 %) d’entre eux ont à un moment bénéficié d’un nouveau traitement par ICI, du fait d’une progression tumorale, accessible à aucune alternative thérapeutique (décision prise en réunion de concertation pluridisciplinaire). Deux (18 %) patients avaient présenté une ICI-Myo atypique et neuf (82 %) une ICI-Myo typique ; d’autre part, trois (27 %) une forme sévère et sept (73 %) une forme modérée. Le moment de la reprise de l’ICI survenait en médiane au 105e jour après la dernière perfusion (15-434). Le même ICI était reproposé (n=6) ou remplacé par un équivalent (n=3) ou le choix se portait de l’anti-PD-1 vers l’anti-CTLA-4 (n=2). Deux patients (18 %) avec atteinte modérée -qui n’ont pas eu d’une interruption significative de l’ICI- étaient en rémission seulement partielle. Les neuf autres (82 %) étaient tous en rémission complète au moment de la reprise. Dans un cas (9 %) cette dernière s’est faite sous couvert de Prednisone 50mg/J+Méthotrexate et IV-Ig, dans sept cas (73 %) sous Prednisone (20mg/J, 9-30) progressivement arrêté 6 fois sur 7, et dans trois (27 %) cas sans immunomodulateur. Avec un recul médian de 354jours (62-1126) aucun patient ne présentait de nouvelle ICI-Myo. Du point de vue oncologique, deux patients (18 %) était en réponse complète, quatre (36 %) en réponse partielle mais cinq (45 %) progressaient ou décédaient.
Conclusion |
Lorsqu’il est nécessaire (absence d’alternative, validation en réunion de concertation pluridisciplinaire, surveillance stricte) un ICI peut être repris sans crainte après une ICI-Myo, notamment en cas de rémission complète de celle-ci. L’intérêt d’une corticothérapie en prévention secondaire est incertain. Le bénéfice oncologique réel est difficilement évaluable en l’absence de cohorte comparative.
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Vol 42 - N° S1
P. A41 - juin 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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