Myopathies inflammatoires induites par les inhibiteurs de point de contrôle immunitaire : spectre clinique et traitements - 11/06/21
Résumé |
Introduction |
Les inhibiteurs de point de contrôle immunitaire (ICI), anti-CTLA-4 et anti-PD-1, ont révolutionné la prise en charge de certains cancers. Les myosites survenant sous ICI (ICI-Myo) sont des effets secondaires rares mais potentiellement graves. Leur description est récente et leur prise en charge n’est pas codifiée. L’objectif de cette étude rétrospective est de préciser les caractéristiques cliniques et paracliniques des ICI-Myo et d’évaluer les différentes stratégies thérapeutiques employées.
Patients et méthodes |
Cette étude multicentrique rétrospective a inclus des patients ayant développé une Myosite suite à l’introduction d’un traitement par anti-PD-1 (n=17), l’association anti-PD-1+Anti-CTLA-4 (n=2), ou anti-PD-L1 (n=1) pour mélanome (n=16) ou tumeur broncho-pulmonaire (n=4). Les données cliniques, paracliniques et thérapeutiques de patients suivis entre 2016 et janvier 2020 ont été recueillies et analysées. Tous les patients présentaient un élément déficitaire et une augmentation des CPK et 17/20 au moins une anomalie musculaire morphologique (n=10), electromyographique (n=11) et/ou histologique (n=11). Les patients présentant une myocardite concomittante, dont l’issue malgré les traitements reste la plupart du temps fatale, ont été exclus (n=4). Les patients étaient classés ICI-Myo s’ils présentaient une forme typique (cf Touat M et al. Neurology 2018). Dans le cas contraire, ils étaient considérés comme ICI-Myo-atypique. Les patients présentant une ICI-Myo étaient sévères s’ils présentaient un déficit musculaire ≤3 (Échelle MRC) sur au moins un faisceau musculaire, des troubles de déglutition ou une atteinte des muscles respiratoires. Dans le cas contraire, ils constituaient le groupe ICI-Myo-modérée.
Résultats |
Parmi les 20 patients inclus (16 hommes, 4 femmes, d’âge médian 70 ans, 45-87) quatre présentaient une ICI-Myo atypique. Selon les critères de classification en vigueur, ils présentaient une dermatomyosite (n=2, dont une avec anticorps anti-TIF1-g), une myosite de chevauchement de survenue tardive et une myopathie nécrosante auto-immune (anticorps anti-HMGCR négative). Une rémission complète n’était jamais obtenue malgré l’association Corticoides, IV-Ig et Immunosuppresseur pour ¾ des patients. Parmi les 16 patients avec ICI-Myo typique, survenant après un délai habituel de 2 cures (1-9), neuf avaient une atteinte modérée et six une atteinte sévère. Seul un patient présentait des auto-anticorps (anti-récepteur de l’acétylcholine, antérieurs au traitement, sans avoir développé de myasthénie). Le taux médian de CPK (3-55N) ne différait pas entre les deux groupes (5 vs 18N, p=0,19). En plus de l’arrêt de l’ICI, le traitement des patients ICI-Myo modérée était réparti comme suit : absence (n=1), Prednisone ≤0,5mg/kg/J (n=5), Prednisone 1mg/kg/J (n=4). Tous les patients étaient en rémission complète de l’ICI-Myo, permettant une diminution puis arrêt du traitement en 10 semaines (4-30). Le traitement des patients ICI-Myo sévère était Prednisone 1mg/kg/J (n=1), Methylprednisolone-Prednisone (n=4), Methylprednisolone-Prednisone+IV-Ig (n=1). Tous les patients répondaient favorablement et le traitement était interrompu en 11 semaines (10-59).
Conclusion |
Le spectre clinique des myosites survenant sous ICI est probablement plus large que décrit antérieurement. Il apparaît légitime de pousser les investigations diagnostiques afin de dépister des formes atypiques, potentiellement associées au cancer et répondant mal aux traitements immunomodulateurs. Les formes typiques semblent répondre favorablement aux corticoïdes seuls, dont la dose et la durée doivent être adaptées à la sévérité clinique, afin de préserver au mieux l’immunité anti-tumorale.
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Vol 42 - N° S1
P. A40 - juin 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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