Une présentation clinique déroutante d’une gale pas comme les autres ! - 11/06/21
Résumé |
Introduction |
La gale est une ectoparasitose fréquente causée par un parasite Sarcoptes Scabiei. Elle se manifeste par un prurit à prédominance nocturne avec des lésions vésiculeuses, des nodules et des sillons scabieux de topographie évocatrice. Des formes atypiques de la gale (gale bulleuse, incognito, hyperkératosique) donnent des tableaux trompeurs et peuvent imiter d’autres affections dermatologiques. Ces formes rares sont source de retard diagnostic et d’erreur thérapeutique. Nous rapportons une présentation atypique rare de la gale chez un sujet âgé.
Observation |
Un homme âgé de 67 ans s’est présenté à notre consultation pour une éruption prurigineuse diffuse évoluant depuis 3 mois. Il rapportait une aggravation après la prise orale de pristinamycine. À l’examen, il avait des lésions érythémato-vésiculeuses crouteuses par endroits au niveau des avants bras associées à des placard érythémato-papuleux étendus recouverts de croûtes mélicériques au niveau de l’abdomen, du tronc et des membres inférieurs, réalisant un aspect d’érythrodermie. Le patient n’avait pas de manifestations extra cutanés notamment pas de fièvre ou adénopathies. Le bilan biologique était normal, hormis une hyperéosinophilie à 1490. Devant ce tableau clinique, les diagnostics principalement évoqués étaient : un lymphome cutané T, une toxidermie, un psoriasis, un eczéma. Une biopsie cutanée était faite montrant un épiderme acanthosique avec des foyers de spongiose, sans nécrose kératinocytaire. Le derme superficiel comportait un infiltrat inflammatoire de densité modérée périvasculaire et interstitiel. De nombreux mastocytes étaient mis en évidence par l’anti CD117 (C-kit). Cet aspect histologique était en faveur d’une mastocytose. Le patient était traité par dermocorticoïdes, engendrant une extension des lésions et apparition de bulles tendues à contenu clair au niveau de l’abdomen et du dos. Devant l’aggravation des lésions sous dermocorticoïdes, le diagnostic de gale incognito était évoqué. L’examen parasitologique montrait la présence d’œufs et d’excréments du sarcopte. Un traitement par benzoate de benzyle était débuté chez toute la famille avec des mesures d’hygiène et des antihistaminiques. Une amélioration nette était notée après 2 semaines avec disparition du prurit et des lésions cutanées.
Discussion |
La gale incognito est une gale méconnue qui a été traitée à tort par des corticoïdes topiques ou généraux. Elle donne un tableau atypique avec des lésions polymorphes : macules, papules ou bulles, comme le cas de notre patient, mimant ainsi des dermatoses bulleuses. En se référent à la littérature, des cas de gales incognito mimant une pemphigoïde bulleuse ont été décrits. La gale incognito peut imiter aussi d’autres dermatoses : un lupus érythémateux systémique, les papules de Gottron de dermtomyosite, une mastocytose, une pustulose sous-corné, un psoriasis. Le terme de gale surrepticius était récemment introduit pour englober les différentes présentations atypiques de la gale qui peuvent êtres pris pour une autre dermatose. La présence de mastocytes dans la biopsie renforce l’hypothèse déjà décrite stipulant le rôle des mastocytes dans la pathogenèse de la gale. En effet, le nombre de mastocytes était élevé dans plusieurs biopsies, surtout la nuit, avec des images de dégranulation mastocytaire. Ceci explique les cas de gale simulant une mastocytose décrits chez des enfants, qui peuvent présenter même un signe de Darier positif. Les mêmes alternatives thérapeutiques de la gale classique sont préconisées au cours de la gale incognito.
Conclusion |
À travers ce cas, nous insistons sur le diagnostic d’une forme rare de gale : la gale incognito qui doit être considérée devant toute dermatose prurigineuse aggravée par des dermocorticoïdes.
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Vol 42 - N° S1
P. A128 - juin 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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