Efficacité et tolérance du cross-linking cornéen épithélium-off accéléré dans le traitement du kératocône évolutif de l’enfant - 10/06/21
Safety and efficiency of epithelium-off accelerated corneal cross-linking for progressive keratoconus in pediatric patients

Résumé |
Chez l’adulte, la prise en charge du kératocône a évolué ces dernières années pour aboutir à un algorithme de traitement bien codifié. La technique du cross-linking (CXL) permet de stabiliser l’évolution du kératocône et s’est largement développée. Elle possède une bonne efficacité et peu de complications postopératoires. À l’heure actuelle, il n’existe pas de protocole de prise en charge du kératocône spécifique à la pédiatrie. Le kératocône étant souvent d’évolution plus rapide chez les enfants, nous pouvons nous demander si un traitement stabilisateur doit être proposé en première intention au moment du diagnostic. Nous avons réalisé une étude rétrospective incluant les patients âgés de moins de 18 ans, atteints de kératocône, ayant consulté dans le service d’ophtalmologie de l’hôpital Édouard Herriot de Lyon entre 2013 et 2017. Le critère de jugement principal était la réalisation ou non d’un CXL. Les paramètres étudiés étaient le sexe, l’âge, les origines ethniques, le frottement oculaire, la présence d’un terrain atopique, la kératométrie maximale (Kmax), la pachymétrie minimale, la meilleure acuité visuelle corrigée (MAVC) et la sphère équivalente. Quarante-huit yeux de 34 patients ont été inclus. Nous avons retrouvé que deux tiers des patients étaient des garçons d’origine caucasienne. La moitié des patients présentait des allergies et plus de 60 % des patients se frottaient régulièrement les yeux. Six pourcents des patients possédaient des antécédents familiaux de kératocône. L’âge moyen des patients était de 14 (7–18) ans au moment du diagnostic. Trente-quatre yeux de 22 patients ont bénéficié d’un CXL soit 71 % de notre cohorte. Aucune complication n’est survenue en postopératoire. Après CXL, on observait une absence de différence significative de la pachymétrie minimale (455,6±37,25μm contre 453,45±42,6μm après traitement (p=0,71)) ainsi que du Kmax (50,23±7,17D contre 50,99±7,01D après traitement (p=0,058)). On observait une progression significative de la MAVC (de 0,30±0,3LogMar à 0,17±0,17LogMar après CXL (p=0,024)) et de la sphère équivalente (de −1,91±2,1D à −2,54±1,89D après traitement (p=0,009)). La durée moyenne du suivi était de 32,2 mois (12–59). Le CXL montre une stabilisation de la maladie à long terme sur les enfants atteints de kératocône. Néanmoins, celui-ci nous semble indiqué uniquement en cas de kératocône évolutif. Un diagnostic précoce et une prise en charge rapide sont primordiaux dans cette population où la maladie évolue rapidement. Le traitement d’une atopie et la réalisation d’une topographie cornéenne, lorsqu’un enfant présente un astigmatisme irrégulier, doivent faire partie des réflexes pour une détection précoce de la maladie.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Summary |
In adults, the management of keratoconus has evolved in recent years to achieve a well-codified treatment algorithm. The technique of cross-linking (CXL) has allowed us to stabilize the progression of keratoconus and has been largely developed. It is very effective, with few postoperative complications. Currently, there is no specific keratoconus management protocol for children. As we already know that keratoconus usually evolves more rapidly in children, we might consider whether a stabilizing treatment should be proposed as first-line therapy at the time of diagnosis. We carried out a retrospective study including patients less than 18 years of age with keratoconus who consulted the ophthalmology department at Edouard Herriot hospital in Lyon between 2013 and 2017. The main study parameter was whether or not CXL was performed. The other parameters were gender, age, ethnicity, eye rubbing, presence or absence of atopic disease, maximum keratometry (Kmax), minimal pachymetry, best corrected visual acuity (BCVA) and spherical equivalent. Forty-eight eyes of 34 patients were included. We found that two-thirds of the patients were Caucasian boys. Half of the patients had allergies, and over 60% of patients rubbed their eyes regularly. Only six percent of patients had a family history of keratoconus. The mean age of the patients was 14 (7–18) years at the time of diagnosis. Thirty-four eyes of 22 patients underwent CXL, for a total of 71% of our cohort. No postoperative complications occurred. After CXL, there was no significant difference in minimum pachymetry (455.6±37.25μm vs. 453.45±42.6μm after treatment (P=0.71)) or Kmax (50.23±7.17D vs. 50.99±7.01D after treatment (P=0.058)). There was a significant improvement in BCVA (from 0.30±0.3LogMar to 0.17±0.17LogMar after CXL (P=0.024)) and spherical equivalent (−1.91±2.1D to −2.54±1.89D after treatment (P=0.009)). The mean duration of follow-up was 32.2 months (12–59). CXL shows long-term disease stabilization in children with keratoconus. Nevertheless, this technique is indicated only for progressive keratoconus. Early diagnosis and management are essential in this population where the disease is rapidly changing. Treatment of atopy and performance of corneal topography when a child has irregular astigmatism should become automatic for early detection of this disease.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Kératocône, Pédiatrie, Cross-linking accéléré, Épithélium-off, Efficacité, Tolérance, Progression
Keywords : Keratoconus, Children, Accelerated cross-linking, Epithelium-off, efficiency, Safety, Progression
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Vol 44 - N° 6
P. 828-834 - juin 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.