Les effets secondaires des traitements utilisés dans la prise en charge du cancer du sein (CS) sur la fonction ovarienne et la fertilité ont largement été documentés. Cependant, les données populationnelles sur les difficultés liées à la fertilité des survivantes jeunes après un CS sont rares et peu d’études ont été réalisées sur cette thématique en France. Cette étude visait à décrire les conditions de vie à long terme, en termes de fertilité, des survivantes jeunes après un CS en Côte d’Or.

Les femmes âgées de 45 ans et moins au diagnostic d’un CS non métastatique entre 2006 et 2015, ont été sélectionnées à partir du Registre des CS et autres cancers gynécologiques de Côte d’Or. Les participantes ont rempli un questionnaire spécifique d’auto-évaluation des différents aspects de la fertilité depuis le diagnostic jusqu’à l’après-cancer. Ce questionnaire a été développé en collaboration avec des chirurgiens et des cliniciens spécialisés dans la thématique du CS. Les données au diagnostic et à la fin des traitements ont été comparées à l’aide du test de McNemar.

Au total, 218 survivantes de CS ont participé à l’étude. La proportion de femmes qui étaient en couple au diagnostic de la maladie est de 91 % contre 54 % au moment de l’étude (p<0,0001). La proportion de femmes ayant un cycle menstruel inexistant a augmenté passant ainsi de 23 % avant les traitements à 57 % à la fin des traitements. Au moment de l’étude, 54 % des femmes étaient ménopausées contre 2 % au diagnostic (p<0,0001). Soixante-douze pour cent des femmes ont déclaré n’avoir pas été informées au diagnostic sur la préservation de la fertilité et 38 % auraient souhaité être informées. Quatre-vingt-cinq pour cent des femmes avaient des enfants au moment du diagnostic. Concernant le projet de grossesse, 21 (9 %) femmes en avaient au diagnostic et 66 (33 %) y ont renoncé après les traitements (p<0,0001). Deux de ces 21 femmes ont eu une grossesse spontanée après les traitements. Trois de ces 21 femmes avaient bénéficié d’une consultation en procréation médicalement assistée (PMA).

Les survivantes jeunes de CS ont à faire face à la fin des traitements à des difficultés liées à la fertilité. Elles manquent également d’informations sur les techniques de préservation de la fertilité. Des interventions ciblées destinées aux soignants devraient être mises en place pour promouvoir la discussion sur les différents aspects de la fertilité et de la préservation de la fertilité des femmes jeunes au diagnostic en parallèle de la prise en charge du CS.