L’avènement du dispositif hypermoderne, promut par l’idéologie néolibérale, s’est accompagné de mutations dans le lien social ayant eu des conséquences majeures en termes d’économie psychique et d’écologie des liens. En cela, reposant sur un lien social où le moteur n’est plus le désir mais l’envie et où le Réel apparait évacué au profit d’une injonction au plus de jouir, ce dispositif est venu radicaliser la tendance dite pléonexique repérée dés Platon et la philosophie helléniste classique. Il tend, en ce sens, à promouvoir ostensiblement une manière d’habiter où l’avoir et l’appropriation prédomine.

Nous tentons de mettre en évidence comment ces aspects, qui ont pu être relevés en termes d’économie psychique et de schèmes relationnels par différents auteurs, apparaissent comme des éléments incontournables à saisir dans l’appréhension de la problématique climatique et de l’objet de recherche hypercomplexe qu’elle représente.

À partir d’une analyse socio-historique et de notre position de praticiens du micro politique, nous dégageons les termes du dispositif hypermoderne, et nous montrons comment celui-ci vient radicaliser la tendance naturelle pléonexique de l’Homme. Nous mettons l’accent en évidence en quoi ce renforcement de l’avoir vient vicier l’échange, et plus globalement le « cycle du don », en favorisant une écologie des liens axée sur le mimétisme d’appropriation et les logiques symétriques d’accumulation. Enfin, nous analysons à la lumière de ces éléments les observables relevables autour de la problématique climatique.

Nos développements mettent en évidence en quoi la subjectivité pléonexique hypermoderne s’avère une impasse relationnelle et systémique, amenant une perte de souplesse dans le couplage entre le sujet et son environnement. A partir de l’analyse de ce lien particulier à l’environnement, c’est notre manière d’être là, d’être avec, et d’habiter qui se trouve mise au travail. Nous pointons face aux enjeux écologiques émergeants, l’importance du renforcement du collectif et des logiques mimétiques de collaboration dans nos pratiques micros politiques d’accompagnement ; en cela, nous chercherons à promouvoir un commun de l’intelligible, plutôt que celui de l’uniforme propre au néo libéralisme.

The advent of hypermodernity, promoted by neoliberal ideology, was accompanied by changes in the social bond that had major consequences in terms of psychic economy and of the ecology of relationships. In this, based on a social bond whose motor is no longer desire but envy, and where the Real appears to be evacuated in favor of an injunction to maximum jouissance, this construction has come to radicalize the so-called pleonexic tendency identified by Plato and classical Hellenist philosophy. In this sense, it tends to promote a way of living where having and appropriation predominate.

We try to highlight how these aspects, which various authors have identified in terms of psychic economics and relational schemes, are essential to an understanding of the climate crisis and the subject of hypercomplex research that it represents.

From a socio-historical analysis and from our position as practitioners of micropolitics, we identify the terms of hypermodernity, and we show how it comes to radicalize humanity's natural pleonexic tendency. We emphasize how this strengthening of having deflects the exchange, and more generally the “gift cycle,” by promoting an ecology of relationships focused on the mimicry of appropriation and on the symmetrical logics of accumulation. Finally, in the light of these elements, we analyze the elements of observation that can be identified around the climate issue.

Our developments highlight how hypermodern pleonexic subjectivity turns out to be a relational and systemic deadlock, leading to a loss of flexibility in the bond between subject and environment.

From the analysis of this particular link to the environment, it is our way of being there, of being with, and of living that is put to the test. We point out, in the face of emerging ecological issues, the importance of strengthening the collective and mimetic logics of collaboration in our supporting micro-political practices; in this, we seek to promote a commons of the intelligible, rather than that of the uniformity inherent in neoliberalism.