Les sciences humaines psychologiques et psychanalytiques sont balbutiantes sur la question de la crise environnementale alors qu’une importante psychologisation du sujet émerge sur le scène sociale et médiatique avec l’usage notamment des expressions « éco-anxiété » et « solastalgie ». Cette question pose un problème difficile car elle cherche à traiter d’un objet hypercomplexe : la Nature. Nous proposons ici une lecture exploratoire et psychodynamique des effets intrapsychiques et collectifs que la crise environnementale produit et révèle de l’Homme.

À partir de l’étude des discours scientifiques, d’une part, et des réactions face à ces discours, d’autres part, nous présenterons une analyse des variables psychologiques mobilisées et des secteurs de pensée potentiellement impactés. Il nous sera nécessaire de prendre en compte la difficile mise en représentation et le caractère incertain des différentes menaces regroupées sous l’expression crise environnementale et risque d’effondrement.

La réalité extérieure revêt aujourd’hui un caractère menaçant à bien des égards : au niveau économique, par les limites à la satisfaction pulsionnelle et les vécus de perte, et plus fondamentalement, sur l’autoconservation. La question de l’angoisse est à différencier selon la nature de celle-ci : symbolique ou réelle. Revenir à une définition freudienne de l’angoisse-signal permet de resituer la place de l’excitation face à la crise environnementale, que nous proposons d’entendre sous le prisme des situations extrêmes de la subjectivité. Enfin, nous verrons que l’angoisse de notre névrose actuelle est liée avant tout à la transformation des métacadres.

Nous ouvrirons notre propos sur la nécessité de poursuivre l’étude approfondie de différents thèmes de recherches : les facteurs inconscients impliqués dans les conduites destructrices, à l’aune de la pulsion de mort et l’émergence d’une méta-culture vis-à-vis de laquelle les cliniciens ont un rôle important à jouer.

Psychological and psychoanalytical human sciences are in their infancy when it comes to the question of the environmental crisis, even as an important psychologization of the subject emerges in social discourse and in the media with a notable use of expressions such as ‘eco-anxiety’ and ‘Earthstalgia.’ This question presents a difficult problem in that it looks to treat a hypercomplex object: Nature. We propose an exploratory and psychodynamic reading of the intrapsychic and collective effects that the environmental crisis produces and reveals in humankind.

Based on a concomitant study of scientific discourses and of the reactions to these, we will present an analysis of the psychological variables that are mobilized and of the dimensions of thought that are potentially impacted. It is necessary to take into consideration the difficult representation and the uncertain character of the different threats that are grouped under the expressions environmental crisis and risk of collapse.

External reality today takes on a threatening character in many ways: on an economic level, through the limits that are put on the drive to reach satisfaction, and the experiences of loss, and more fundamentally, on self-preservation. The issue of anxiety is to be differentiated in terms of its nature: symbolic or real. Returning to a Freudian definition of signal anxiety makes it possible to situate the place of stimulation in the face of the environmental crisis, which we explore under the prism of extreme situations of subjectivity. Finally, we will see that the anxiety of our current neuroses is linked above all to the transformation of meta-settings.

We stress the need to continue the in-depth study of different research themes: the subconscious factors involved in destructive behaviors linked to the death drive, and the emergence of a metaculture in which clinicians have an important role to play.