La forme et l’ordre scolaires qui confèrent à l’école des normes spécifiques d’application sont utilisés comme des analyseurs pour comprendre, à partir de données empiriques, les conditions de mise en œuvre d’un programme d’éducation nutritionnelle porté par la CPAM dans les écoles maternelles.

Une étude ethnographique entre 2012 et 2017 a été menée dans 16 classes réparties sur six écoles maternelles qui mettent en œuvre le programme. Les données ont été récoltées par entretiens auprès des enseignantes et professionnel.le.s de santé, complétant l’observation des séances.

Les outils pédagogiques et la rationalisation des tâches entre diététiciennes et enseignantes permettent de s’adapter aux contraintes du travail scolaire par anticipation selon la vision que les diététiciennes ont de l’école. Sur cette base, le programme est amené à évoluer selon les retours des enseignantes et les multiples contraintes d’évaluation. Cette évolution n’empêche pas la standardisation du programme, son uniformisation. C’est ainsi que les enseignantes s’approprient différemment les modalités de mise en œuvre selon les réalités vécues de la classe.

La sanitarisation de l’école s’inscrit dans une anticipation pédagogique et organisationnelle des normes scolaires. Les connaissances transmises homogénéisent les pratiques alimentaires vers un référentiel sanitaire qui fait la part belle au modèle alimentaire français. Cette collaboration participe alors un peu plus à creuser les inégalités sociales et notamment épistémiques.

The French social security system has initiated a nutritional education program in nursery schools. On the basis of empirical data and a nursery school model compelling the application of specific standards, we analyze the conditions under which the program is implemented.

A socio-ethnographic study was conducted during the 2012-2017 period in 16 classrooms in 6 nursery schools that implemented the nutritional program. This article presents the results of a monographic analysis drawn from data collected through interviews and the observation of nutritional sessions at school.

The pedagogical tools and the rationalization of tasks involving teachers and dietitians furthered adaptation to the constraints of nursery school functioning in accordance with the dietitians’ vision of the school. With the teachers’ feedback in mind, the nutritional program is called upon to evolve, but its evolution will not stand in the way of program rationalization and uniformization. Teachers will nevertheless implement the program in different ways, according to the realities of their classrooms.

We studied and analyzed the conditions favorable to collaboration between nursery schools and the French social security system. Results showed how the “sanitarization” of nursery schools requires anticipation of the constraints imposed by the nursery school model. Conditions for organizing collaborative work necessitated both transformation of the health program and satisfactory coordination at school between the protagonists, thereby highlighting reciprocal influence and adjustment between two (dietitians and teachers) work cultures.