Dans le contexte global de crise mondiale des opioïdes, notamment antalgiques, apparaissent des interrogations légitimes sur le bien-fondé et les indications de la prescription de cette classe pharmacologique. En médecine de catastrophe, l’efficacité des opioïdes dans la prise en charge des douleurs aiguës n’est plus à démontrer. Toutefois, il convient de s’interroger sur les facteurs qui prédisposent à la persistance de leur consommation au long cours, afin de prévenir des complications telles que l’installation d’une pharmacodépendance ou d’un trouble de l’usage d’opioïde, recouvrant les notions de mésusage, abus et addiction. Des pistes explicatives peuvent être trouvées à travers la prise en considération de la double dimension, physique et psychologique, de la douleur, mais aussi de la fréquence élevée des comorbidités psychiatriques et addictologiques qui s’y associent. Dans un contexte de médecine de catastrophe, une symptomatologie d’état de stress psychotraumatique peut se surajouter, complexifiant le tableau clinique. Outre, le soulagement sur la dimension physique de leur douleur, certains patients pourraient percevoir un soulagement sur la dimension psychique ou les comorbidités associées, à l’origine d’une persistance de leur usage d’opioïdes. Il se pose la question de savoir de quelle manière prévenir ce phénomène, en soin courant et dans le cas spécifique de la médecine de catastrophe, avec des pistes nécessitant de réfléchir au réseau de soin en aval de l’évènement traumatique.

In the global context of the opioid crisis, particularly for painkillers, there are legitimate questions about the justification and indications for the prescription of this pharmacological class. In disaster medicine, the effectiveness of opioids in the management of acute pain is no longer in doubt. However, the factors that predispose to the persistence of their use over the long term must be questioned in order to prevent complications such as the development of pharmacodependence or an opioid use disorder, covering the notions of misuse, abuse and addiction. Possible explanations can be found by taking into consideration the double dimension, physical and psychological, of pain, but also the high frequency of psychiatric and addictologic co-morbidities associated with it. In the context of disaster medicine, the symptomatology of psychotraumatic stress can be added, complicating the clinical presentation. In addition to the relief of the physical dimension of their pain, some patients may perceive relief of the psychic dimension or associated comorbidities, which are at the origin of the persistence of their opioid use. This raises the question of how to prevent this phenomenon, in routine care and in the specific case of disaster medicine, with avenues requiring consideration of the care network downstream of the traumatic event.