Allogreffes d'articulation totale du coude dans les pertes de substance ostéo-articulaire post-traumatiques étendues - 16/04/08
Y. Allieu [1],
G. Marck [2],
M. Chammas [2],
P. Desbonnet [3],
J.-P. Raynaud [3]
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L'allogreffe d'articulation totale du coude comprenant l'extrémité distale de l'humérus et proximale des deux os de l'avant-bras, ainsi que les formations capsulo-ligamentaires est un procédé de sauvetage indiqué dans les cas de perte de substance ostéo-articulaire majeure lorsque les autres techniques de reconstruction ont été écartées, notamment chez les sujets jeunes pour lesquels l'implantation d'une prothèse totale de coude est contre-indiquée. Notre série comportait 7 patients (âge moyen : 42 ans). Dans tous les cas, il s'agissait de séquelles post-traumatiques avec perte de substance ostéo-articulaire vues secondairement et ayant toutes subi auparavant au moins une opération sur le coude atteint. L'évaluation de l'état cutané préopératoire a été primordiale. Il existait dans tous les cas une rétraction des parties molles autour de la perte de substance ostéo-articulaire. Nous avons eu recours dans 3 cas à une expansion cutanée préopératoire et, dans un cas, à un lambeau pédiculé cutanéo-musculaire de grand dorsal. Nous avons utilisé une voie d'abord postérieure et médiane en conservant la continuité tricipitale. Le nerf ulnaire a été systématiquement transposé. L'adaptation de l'allogreffe a nécessité une recoupe des extrémités osseuses huméro-ulnaires et une résection de la tête radiale dans tous les cas sauf un. L'ostéosynthèse stable, par plaque, a été complétée par une autogreffe spongieuse iliaque vissée au niveau huméral et au niveau ulnaire. Tous les patients ont subi un contrôle radio-clinique régulier. Nous avons utilisé le score de Morrey pour évaluer le résultat clinique. Pour l'interprétation des images radiologiques, nous avons utilisé la classification de Larsen et celle d'Allieu. L'étude à long terme a porté sur 6 cas, 1 cas étant un échec précoce repris par arthrodèse. Le recul moyen est de 12 ans (7 à 15 ans). Le score de Morrey a été amélioré dans 6 cas. Un seul n'avait pas retrouvé une mobilité du coude située dans un secteur fonctionnel (– 30°/100°). Dans tous les cas sauf un, nous avons constaté une instabilité proportionnelle à l'ancienneté de la greffe et s'aggravant avec le temps. Dans 5 cas sur 6, il existait une dégradation articulaire radiologique importante associée à une lyse osseuse augmentant avec le recul. L'allogreffe agit comme un espaceur et ne transmettrait aucune information douloureuse. L'absence de frein douloureux engendrerait un surmenage articulaire et une destruction ostéo-articulaire. Malgré cette dégradation radiologique, cette technique permet d'obtenir un coude fonctionnellement satisfaisant et indolore. On constate ainsi une absence de parallélisme radio-clinique. Une ostéosynthèse rigide et l'adjonction systématique d'une autogreffe ont permis de maîtriser le risque de pseudarthrose. L'infection reste la complication la plus redoutée. La planification tégumentaire préopératoire et les techniques de chirurgie plastique associées ont permis le contrôle de cette porte d'entrée infectieuse cutanée. Nous ne proposons cette intervention qu'aux larges pertes de substance ostéo-articulaire chez les sujets jeunes désireux de conserver la fonction articulaire et pour lesquels la prothèse totale de coude est contre-indiquée. Il s'agit d'une technique de sauvetage articulaire qui permet de reconstituer le capital osseux. Elle demeure une intervention d'indication exceptionnelle, techniquement difficile. A long terme, la résorption de la greffe est constante. Sur le plan clinique, l'instabilité dégrade le résultat fonctionnel. L'avenir de cette procédure passera par les progrès de l'immunologie et de la cryobiologie. Pour l'instant, les prothèses totales de coude composites manchonnées avec une allogreffe osseuse combinent les avantages de la reconstitution du stock osseux et de l'arthroplastie.
Long term elbow joint allograft for severe posttraumatic bone loss at twelve year mean follow-up |
Purpose of the study |
Elbow joint allograft (EJA) involving the entire joint (distal humerus, proximal radius and ulna, capsuloligament structures) is a salvage technique proposed in massive bone loss, particularly in young subjects where total elbow prosthesis is contraindicated. We report our experience with seven patients, analyzing the long-term clinical and radiological outcome.
Material and methods |
This retrospective study included seven patients, mean age 42 years (21-70). All had experienced severe elbow trauma. Two patients had associated neuromuscular or vascular lesions. All patients underwent at least one surgical procedure on the affected elbow. The preoperative status of the skin cover was crucial. Both longitudinal and circumferential retraction were observed. We used preoperative skin expansion in one patient and a pediculated musculocutaneous latissimus dorsi flap in one other. A posterior and median approach was used conserving tricipital continuity. The ulnar nerve was transposed anteriorly. The allograft was prepared, carefully preserving the capsule and ligaments. Adaptation required cutting the extremities of the humerus and radius and total resection of the radial head except in one patient. Stable plate fixation was completed by an iliac cancellous graft screwed to the humerus and the ulna. The Morrey score was used to assess clinical outcome. The Larsen and Allieu classifications were used to assess radiological outcome.
Results |
There was one early failure requiring revision for arthrodesis. Assessment of long-term outcome concerned six patients. Mean follow-up was 12 years (7-15 years). The Morrey score improved in six patients and five of them were satisfied. None of the patients complained of invalidating pain and elbow motion was not functional in only one (– 30° – 100°). For all patients except one, instability was proportional to the duration of the graft and worsened with time. For five out of six patients, significant radiological degradation of the elbow joint was associated with bone lysis which increased with time.
Discussion |
The allograft acts like a spacer and does not transmit pain impulses. The absence of the pain signal leads to overuse of the grafted joint and osteoarticular destruction. Despite radiological degradation, this procedure provides satisfactory and painless elbow function in most patients. The clinical and radiological features do not follow the same pattern. But we did not have any cases of disassembly or nonunion. Preoperative planning and plastic surgery have enabled us to control the cutaneous portal. We did not have any postoperative infections. Joint allograft is a salvage solution for major osteoarticular loss in young patients desiring conserved joint function and for whom a total elbow prosthesis is contraindicated. It restores bone stock, enables mid-term potential for joint function, and does not compromise surgical revision.
Conclusion |
It remains an exceptional indication which is technically difficult. Resorption of the allograft is constant at long term. Clinically, instability worsen functional outcome. The future for this technique depends on progress in immunology and cryobiology. At the present time, composite total elbow prostheses with an allograft combine the advantages of restored bone stock and arthroplasty.
Mots clés :
Coude
,
allogreffe
,
articulation totale du coude
,
substance osseuse
Keywords: Elbow joint allograft , total elbow arthroplasty , trauma
Plan
© 2004 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Vol 90 - N° 4
P. 319-328 - juin 2004 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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