Risques du nouveau vaccin recombinant contre le zona : une étude rétrospective sur 622 patients de rhumatologie - 19/12/20
Résumé |
Introduction |
Le vaccin recombinant contre le zona (VRZ) est autorisé en Europe depuis 2018 mais n’est pas encore disponible en France. Ce nouveau vaccin ayant démontré son efficacité est composé d’un nouvel adjuvant hautement immunogène (AS01B) entrainant un risque potentiel de poussée chez les patients atteints de maladies auto-immunes ou auto-inflammatoires (MAA). Ces patients ayant été majoritairement exclus des études randomisées initiales, leur risque de poussée est à ce jour incertain [1 , 2 , 3 ].
Patients et méthodes |
Il s’agissait d’une étude rétrospective monocentrique incluant les patients suivis dans un service de rhumatologie américain, ayant été vaccinés par au moins une dose de VRZ entre février 2018 et mai 2020. Les données étaient extraites des dossiers médicaux informatisés. Une poussée était définie par l’apparition ou l’aggravation de symptômes liés à la MAA sous-jacente ou une nouvelle prescription/augmentation de prednisone dans les 12 semaines suivant chaque dose vaccinale. Des facteurs de risque de poussée étaient recherchés via une analyse statistique par un modèle de régression logistique et par une analyse de survie (modèle de Cox multivarié). Les effets indésirables liés au vaccin et l’apparition de zona étaient également recueillis jusqu’à la date de dernier suivi.
Résultats |
Au total, 622 patients de rhumatologie étaient inclus (âge médian 67 ans, 67 % de femmes), 8,5 % rapportaient un effet indésirable lié au VRZ, et un zona dans 0,6 % des cas après un suivi médian de 36 semaines. Parmi les 622 patients, 359 étaient atteints de MAA aux premiers rangs desquelles figuraient la polyarthrite rhumatoide (PR, n=88), les vascularites (n=50, le BVAS médian avant vaccination parmi les 25 patients atteints de vascularites des petits vaisseaux était de 0), la pseudopolyarthrite rhizomélique (PPR, n=29) et le lupus érythémateux disséminé (LED, n=28). Au moment de la vaccination, 35 % des patients MAA étaient sous corticothérapie orale. Une poussée était rapportée chez 59/359 patients (16 %), ceux atteints de PR avaient le taux de poussée le plus haut (n=21, 24 %). Parmi 50 patients atteints de vascularite, 5 avaient présenté une poussée dont une seule vascularite des petits vaisseaux (BVAS médian post vaccination=0). Un changement du traitement au long cours de la MAA (décroissance de la corticothérapie, changement d’immunosuppresseur par exemple) était retrouvé au moment de la vaccination pour un tiers des patients présentant une poussée (n=18). Les poussées étaient majoritairement légères ou modérées, elles étaient traitées par corticoides oraux dans 45 % des cas (n=27, dose médiane 20mg/jour). Un quart d’entre elles (n=15, 25 %) imposaient un changement du traitement immunosuppresseur/modulateur de la MAA. Les patients sous Jak-inhibiteurs ou sous corticothérapie au moment de la vaccination ainsi que les patients atteints de PR avaient un taux de poussée significativement plus haut (p=0,032, p=0,002 et p=0,030 respectivement) que dans le reste de la population. En régression logistique multivariée, seule la corticothérapie restait significativement associée au taux de poussée (odd-ratio 2,3 [1,3–4,1], p=0,004). Une analyse du délai jusqu’à la poussée après la première dose de vaccin (modèle de Cox multivarié) retrouvait l’association de la corticothérapie avec le risque de poussée (hazard-ratio 2,4 [1,3–4,5], p=0,00039). Une deuxième analyse concernant seulement les 263 patients MAA ayant reçu 2 doses de RZV montrait qu’avoir eu une poussée de la maladie après la première dose était associé à une nouvelle poussée après la deuxième dose vaccinale (hazard-ratio 3,9 [1,7–9], p=0,0015).
Discussion |
L’introduction du VRZ est une avancée majeure dans la prévention du zona. Cette étude aide particulièrement à estimer le risque des patients atteints de MAA en observant une large cohorte, notamment des patients atteints de LED et de vascularite chez qui les données sont rassurantes. L’association de la corticothérapie avec le risque de poussée ainsi que le taux de patients ayant eu de manière concomitante au vaccin un changement de leur traitement immunosuppresseur suggère que ces patients avaient une maladie active au moment de la vaccination et encourage les praticiens à vacciner autant que possible au moment où leur MAA est quiescente.
Conclusion |
Le VRZ était généralement bien toléré chez les patients atteints de MAA bien que des poussées n’étaient pas inhabituelles dans les 12 semaines après la vaccination. Cette étude permettra de guider les futures études françaises lors de l’arrivée du VRZ dans la pratique courante et d’informer les patients lors de la balance bénéfice/risque.
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Vol 41 - N° S
P. A83-A84 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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