Voie de signalisation NF-kB dans la maladie de Behçet: une nouvelle cible thérapeutique? - 19/12/20
Résumé |
Introduction |
La maladie de Behçet (MB) est une affection inflammatoire et systémique chronique évoluant par poussées. Elle est caractérisée par l’atteinte de plusieurs organes dont les muqueuses (aphtes) et la peau (pseudo-folliculites). La physiopathologie de la MB est en grande partie inconnue. Le rôle de l’immunité innée semble prépondérant avec notamment une activation des polynucléaires neutrophiles. La voie NF-κB, engagée dès le contact d’un ligand sur le récepteur 1 du facteur de nécrose tumorale (TNFR1), joue un rôle critique dans l’engagement du processus inflammatoire car elle produit des cytokines majeures comme l’interleukine 1 (IL-1), l’IL-6 et le facteur de nécrose tumorale α (TNF- α). Sa régulation négative est essentielle à l’arrêt du processus inflammatoire et dépend du niveau d’ubiquitination des protéines associées au TNFR1 et d’autres composés intermédiaires. A20 et OTULINE sont des protéines qui modifient cette ubiquitination et leur défaut résulte en une activation de la voie NF-κB avec production excessive de cytokines proinflammatoires. L’haploinsuffisance de A20 partage avec la maladie de Behçet l’aphtose bipolaire et l’uvéite, mais elle s’en distingue par sa transmission dominante, un début des symptômes plus précoce, et une atteinte digestive sévère au premier plan. Des lymphocytes T CD8+ (LT CD8+) sécrétant de l’interféron-γ (IFN-γ) et du TNF-α. ainsi que des médiateurs de cytotoxicité ont été retrouvé dans le sang périphérique et l’humeur aqueuse des patients atteints de MB, indiquant qu’ils pourraient ainsi participer à la physiopathologie de la MB. La phosphodiestérase 4 (PDE4) une enzyme du système immunitaire qui, en dégradant l’adénosine monophosphate cyclique (AMPc), augmente la sécrétion de médiateurs de l’inflammation. Sachant que l’AMPc induit l’inhibition de la voie NF-κB, sa dégradation entraîne une augmentation de cette importante voie de l’inflammation. L’Apremilast est une molécule administrée oralement qui inhibe la PDE4. Bien que ses mécanismes d’action précis ne soient pas connus dans la MB, l’Apremilast s’est révélé efficace dans le traitement des manifestations cutanéo-articulaires de la MB.
Résultats |
Méthodes et résultats: Trente-cinq patients atteints de MB et 34 témoins appariés sur l’âge et le sexe ont été inclus. L’analyse du transcriptome des LT CD8+ a permis de montrer qu’il existait un enrichissement des voies de signalisation NF-κB, de l’immunité innée et de l’inflammation dans les LT CD8+ de patients comparés aux témoins. Nous avons confirmé par cytométrie en flux la surexpression de pNF-κB dans les LT CD8+ de patients (4,4±0,9 vs. 1,8±0,2 en MFI, p=0,001). L’analyse transcriptomique de LT CD8+ a également montré un enrichissement des isoformes de PDE4 (A, B, C et D) chez les patients atteints de MB par rapport aux témoins. L’analyse en immunohistochimique a confirmé cette surexpression de PDE4 dans les lésions cutanées de patients. Nous avons ensuite évalué l’effet in vitro par cytométrie en flux du Roflumilast (un inhibiteur de PDE4) sur les LT CD8+ de patients et de témoins. Les LT CD8+ de patients exprimaient davantage de marqueurs d’activation de surface (CD11c, CD11b, CD25 et CD69), intracellulaires (IFN-γ et TNF-α), de cytotoxicité (Perforine et Granzyme B) et de prolifération par rapport aux LT CD8+ de témoins. Le traitement par Roflumilast abrogeait spécifiquement l’expression de ces différents marqueurs d’activation et de fonctionnalité. Enfin nous avons confirmé ces résultats in vivo. Les LT CD8+ de 10 patients traités par Apremilast (30mg 2 fois par jour) ont été analysé avant et après 12 semaines de traitement. Les marqueurs d’activation de surface (CD11c, CD11b, CD25 et CD69), intracellulaires (IFN-γ, TNF-a), de cytotoxicité (Perforine et Granzyme B) et de prolifération diminuaient significativement après 12 semaines de traitement.
Conclusion |
Nous avons mis en évidence in vitro et in vivo l’implication de la voie NF-κB dans l’activation des LT CD8+ de patients atteints de MB. Nous avons également pu montrer qu’elle était, au moins en partie, médiée par PDE4 et qu’elle était pharmacologiquement réversible.
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Vol 41 - N° S
P. A58-A59 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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