Efficacité et tolérance de la cladribine dans les histiocytoses non Langerhansiennes - 19/12/20
Résumé |
Introduction |
Les histiocytoses sont un groupe d’affections hétérogène, parmi lesquelles on distingue les maladies comportant une composante clonale constante associée à une mutation somatique sur la voie des MAPkinases (histiocytoses du groupe L comportant la maladie d’Erdheim-Chester, MEC et l’histiocytose Langerhansienne, HL), et les histiocytoses pour lesquelles la composante clonale est moins fréquemment mise en évidence (histiocytoses du groupe R de type Destombes-Rosai-Dorfman, RDD). L’utilisation de l’interféron-alpha, un immunomodulateur et myélosuppresseur qui améliore la survie au cours de la MEC, est limitée par les fréquents effets indésirables (syndrome grippal, troubles thymiques, auto-immunité). Si les thérapies ciblant la voie des MAPkinases ont révolutionné la prise en charge des histiocytoses depuis 2012, leur utilisation est grevée d’effets indésirables parfois sévères, rendant nécessaires les alternatives thérapeutiques, notamment pour les formes les moins sévères. La cladribine, une chimiothérapie myélosuppressive efficace sur la lignée monocytaire, est efficace dans les HL mais les données sur son utilisation au cours des histiocytoses non Langerhansiennes (MEC et RDD) sont limitées. L’objectif de l’étude était d’évaluer l’efficacité et la tolérance de la cladribine au cours des histiocytoses non Langerhansiennes.
Patients et méthodes |
Les patients ont été inclus à partir du registre des histiocytoses et des données de pharmacie hospitali7re. Les critères de sélection étaient: uns histiocytose non Langerhansienne de type MEC ou RDD ou non classée, la réalisation d’au moins une perfusion ou injection de cladribine, et des données suffisantes dans le dossier médical. L’efficacité a été évaluée par la réponse clinique, radiologique, et métabolique (rémission partielle, complète, stabilité, ou progression). Les données de tolérance étaient extraites à partir des dossiers médicaux.
Résultats |
Un total de 21 patients a été inclus (17 hommes et 4 femmes), d’âge médian au diagnostic de l’histiocytose de 48 ans (18 à 73). Dix patients avaient une maladie de RDD, 5 une histiocytose mixte (MEC+HL), 4 une MEC, et 2 une histiocytose non Langerhansienne inclassée. Cinq patients présentaient une mutation BRAFV600E. Les patients présentaient une atteinte du système nerveux central (n=15), osseuse (n=14), ORL (n=8), ophtalmologique (n=8), pulmonaire (n=6), vasculaire (n=6), et ganglionnaire, cutanée, et/ou périrénale (n=4 chacun). Seize patients recevaient le traitement par 2CDA en seconde ligne ou plus (après un traitement variable comportant: corticothérapie, rituximab, méthotrexate, cyclophosphamide, infliximab, interféron, vinblastine, anakinra, vemurafenib, chirurgie), alors que 5 le recevaient en première ligne. Le nombre médian de cycles était de 4 (1 à 8). Les traitements concomitants étaient des corticoïdes chez 6 patients, de l’interféron-alpha chez 1, et du vésanoïde chez 1. Tous les patients recevaient une prophylaxie anti-infectieuse par cotrimoxazole et valacyclovir. Le pourcentage de réponse clinique (complète+partielle) était de 62 %, et de 43 % pour les réponses radiologiques (complète+partielle). La réponse métabolique était évaluable chez 13 patients: parmi eux on observait 8 réponses (62 %) (2 complètes et 6 partielles), 1 patient stable (8 %), et 4 progressions (31 %). Parmi les patients ayant obtenu une réponse sous cladribine, 6 (29 %) ont rechuté avec un délai médian de 16 mois. Quinze patients ont eu une nouvelle ligne thérapeutique après la cladribine, dont une thérapie ciblée chez 10 (48 %). Les effets indésirables de la cladribine étaient hématologiques chez 19 patients (90 %), avec une lymphopénie chez 19/21 patients (90 %), une neutropénie<0,5G/L chez 4/21 (19 %), une thrombopénie et une anémie chez 2 patients chacun (9 %). Deux patients (9 %) ont eu un épisode infectieux sous traitement ou pendant l’année qui a suivi.
Discussion |
La revue de littérature a permis d’analyser 39 patients, et montré un taux de réponse global radiologique de 59 %. Comparativement aux 43 % trouvés dans notre cohorte, cette meilleure réponse peut être liée à une fréquence plus élevée d’atteintes neurologiques centrales dans notre série (71 % versus 41 %), et également à un biais de publication. Ces taux de réponse dans les histiocytoses non-Langerhansiennes restent inférieurs à ceux observés dans les séries d’histiocytoses Langerhansiennes.
Conclusion |
La cladribine est une option thérapeutique intéressante dans les histiocytoses non-Langerhansiennes, avec un taux de réponse entre 43–59 %. La tolérance est excellente malgré une lymphopénie constante.
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Vol 41 - N° S
P. A46-A47 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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