Déséquilibre de la réponse lymphocytaire T au cours de l’anémie hémolytique auto-immune - 19/12/20
Résumé |
Introduction |
L’anémie hémolytique auto-immune est une maladie auto-immune (MAI) rare et acquise, dont le mécanisme physiopathologique principal est la production d’auto-anticorps (auto-Ac) par des lymphocytes B (LB) auto-réactifs reconnaissant des antigènes (glycophorine A, rhésus, …) exprimés à la surface des globules rouges (GR) [1 ]. Le rôle des lymphocytes T auxiliaires (LT CD4+) dans l’initiation et l’entretien de cette réponse auto-immune n’est pas complétement élucidé, la plupart des données de la littérature étant extrapolées de modèles murins ou n’étudiant pas la réponse immunitaire T dans sa globalité en considérant à la fois les versants pro et anti-inflammatoires [2 ]. Notre étude a donc pour objectif d’étudier de façon concomitante les LT CD4+ effecteurs et les LT régulateurs (LTreg) chez l’homme, au cours de l’AHAI à autoanticorps chauds. L’hypothèse est qu’il existe une altération quantitative et/ou fonctionnelle des LTreg associée à une réponse pro-inflammatoire Th1 et/ou Th17.
Patients et méthodes |
Les patients nouvellement diagnostiqués AHAI à autoanticorps chauds (n=24) et les donneurs sains (n=30), inclus dans le cadre de protocoles de recherche clinique, ont été appariés selon l’âge et le sexe. Les sous-populations de lymphocyte T circulants ont été mesurées par cytométrie en flux et leur polarisation quantifiée selon leur production de cytokines après 4h de stimulation polyclonale (interféron-γ pour Th1, interleukine-4 pour Th2 et interleukine-17 pour Th17). Parallèlement, les LTreg (CD3+CD4+CD25++Foxp3+) ont été étudiés de façon quantitative par cytométrie en flux, en distinguant les Treg activés (CD3+CD4+CD45RA-Foxp3high) des Treg quiescents (CD3+CD4+CD45RA+Foxp3+) et de façon qualitative en évaluant leurs capacités suppressives par un test d’inhibition de la prolifération des lymphocytes T effecteurs autologues.
Résultats |
Les proportions de LT naïfs et mémoires sont similaires entre patients et témoins mais les fréquences des LTh1 et LTh17 tendent à être plus élevées au cours de l’AHAI. En revanche, la fréquence des LTreg circulants diminue chez les patients atteints d’AHAI (3.2 % vs. 4,5 %, p=0,008). Ce déficit concerne plus particulièrement la population LTreg aux capacités hautement suppressives, les LTreg activés (1,2 % vs. 2,1 %, p=0,001), alors que la fréquence des LTreg quiescents et la proportion de LTreg d’origine thymique, exprimant le facteur de transcription Helios, sont similaires chez les patients et les témoins (respectivement 0,50 % vs. 0,51 %, p=0,65 et 80,4 % vs 82,4 %, p=0,14). Ainsi, l’augmentation du ratio Th17/Treg (0,32 % vs. 0,13 %, p=0,01) témoigne du déséquilibre de la balance pro- et anti-inflammatoire au cours de l’AHAI. Bien que la proportion des LTreg exprimant CD39 (une ectonucléotidase impliquée dans les mécanismes d’immunosuppression) soit augmentée chez les patients (85,4 %, vs. 69,7 %, p=0,01), nous observons une altération fonctionnelle des LTreg au cours de l’AHAI se traduisant in vitro par une diminution de leur capacité à inhiber la prolifération des LT effecteurs (inhibition de 50,3 % vs. 74,4 %, p=0,03).
Conclusion |
Dans cette étude qui est la première à évaluer de façon simultanée les réponses lymphocytaires T CD4 pro et anti-inflammatoires au cours de l’AHAI, nous montrons que les patients atteints d’AHAI présentent un déficit quantitatif et fonctionnel des LTreg circulants conduisant à un déséquilibre de la balance pro/anti-inflammatoire en faveur des Th17 à la phase active de la maladie. Dans ce contexte inflammatoire, les LTreg ne sont probablement pas capables d’inhiber les LT CD4+ activés qui participent à la stimulation des LB autoréactifs. Les résultats de nos travaux suggèrent que de nouvelles thérapeutiques permettant de restaurer la fonction des LTreg pourraient être envisagées au cours de l’AHAI, afin d’élargir le spectre d’action des traitements actuels qui ne permettent des taux de réponse que de 30 % pour les corticoïdes et de 75 % pour le rituximab.
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Vol 41 - N° S
P. A44-A45 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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