Effet d’épargne cortisonique de l’anakinra dans l’artérite à cellules géantes : à propos de 6 patients - 19/12/20
Résumé |
Introduction |
L’artérite à cellules géantes (ACG) est la vascularite systémique la plus fréquemment rencontrée chez des personnes de plus de 50 ans. Le traitement repose sur la corticothérapie, mais au prix d’un taux important de rechutes et d’effets secondaires. L’interleukine-1 semble jouer un rôle significatif dans l’ACG.
Patients et méthodes |
Nous rapportons l’efficacité en add-on therapy de l’anakinra, un récepteur antagoniste de l’interleukine-1, chez 6 patients atteints d’ACG avec corticodépendance (définie comme au moins 2 rechutes ou la combinaison de 2 des critères suivants : corticothérapie>20mg/j ou>0.3mg/kg à M6 ; corticothérapie>10mg/j ou>0,2mg/kg à M12 ; et/ou un traitement maintenu >24 mois) ou corticorésistance (définie comme une persistance du syndrome inflammatoire à M3 malgré une corticothérapie>0,5mg/kg).
Résultats |
Cinq patients remplissaient au moins 3 critères ACR, et le dernier 2 critères plus la démonstration d’une atteinte des gros vaisseaux au TEP-scanner. Au total, au diagnostic d’ACG, 4 et 4 patients avaient, respectivement, une aortite et/ou une pseudopolyarthrite rhizomélique (PPR) associée.
L’anakinra a été débuté après une médiane de 13 [quartiles 1-35-18] mois après le diagnostic à la dose de 100mg/jour par voie sous-cutanée, en adjonction à une posologie médiane de prednisone de 14 [12–26] mg/j. Après une durée médiane de traitement par anakinra de 19 [18–32] mois, tous les patients démontraient une rémission clinique et biologique complète tant de l’ACG que de la PPR. L’ensemble des 4 patients concernés par une aortite montraient une rémission iconographique complète ou partielle, respectivement chez 2 et 2 d’entre eux. Chez l’un des 4 patients concernés par une PPR, une récidive des signes articulaires était survenue 13 mois après introduction de l’anakinra, lors d’une tentative d’espacement des injections à toutes les 48heures. Une seconde rémission complète fut obtenue à la reprise du rythme posologique initial, permettant secondairement un arrêt de la corticothérapie puis de l’anakinra, respectivement après 18 et 24 mois. Après une durée médiane de suivi de 56 [48–63] mois, 2 et 4 patients ont pu, respectivement, décroître à 5mg/j ou arrêter la corticothérapie. Au dernier suivi, un seul patient, alors sans corticothérapie, était toujours traité par anakinra par une injection/72heures. Concernant la tolérance, 3 patients ont développé des réactions aux points d’injection d’évolution rapidement favorable, et 1 patient a été hospitalisé pour une infection pulmonaire ayant nécessité la suspension de l’anakinra.
Conclusion |
Dans cette cohorte de patients atteints d’ACG avec corticodépendance ou corticorésistance, l’anakinra semble montrer un effet d’épargne cortisonique avec une bonne tolérance, y compris à long terme. De plus, cette biothérapie semble apporter un bénéfice thérapeutique dans l’atteinte des gros vaisseaux et la PPR, associations semblant constituer un palier supplémentaire aux défis thérapeutiques de l’ACG. Ces résultats nécessitent une confirmation par des données prospectives, objectif de l’essai thérapeutique randomisé contrôlé contre placebo en cours évaluant en double-aveugle dans l’ACG l’efficacité de l’anakinra pendant 4 mois en adjonction à la corticothérapie versus cette dernière seule (PHRC inter-régional ; clinicaltrials.gov, NCT02902731).
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 41 - N° S
P. A21 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?