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Un carcinome épidermoïde sur une kératodermie palmoplantaire poikilodermique : une complication rare du traitement par l’hydroxyurée - 19/12/20

Doi : 10.1016/j.revmed.2020.10.332 
J. Rouatbi , M. Sana, A. Aounallah, A. Belhassen, R. Gammoudi, L. Boussofara, N. Ghariani, C. Belajouza, M. Denguezli
 Dermatologie, CHU Farhat Hached, Sousse, Tunisie 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

L’hydroxyurée (HU) est un traitement antinéoplasique indiqué de première intention dans la thrombocytémie essentielle. Nous rapportons la survenue d’un carcinome épidermoïde (CE) sur une kératodermie palmoplantaire poikilodermique chez un patient traité par l’HU au long cours.

Observation

Il s’agissait d’un homme âgé de 51 ans, suivi pour une thrombocytémie essentielle sous HU à la dose de 1,5g/j et antiagrégant plaquettaire depuis 10 ans, qui nous consultait pour l’apparition depuis 3 mois d’une tumeur bourgeonnante, infiltrée, saignante au contact, mesurant 5cm du dos de la main gauche. L’examen cutané trouvait une hyperpigmentation diffuse, une xérose cutanée, des pseudo-papules de Gottron en regard des articulations des dos des mains et un aspect poikilodermique des paumes, plantes et visage. On ne notait pas d’anomalies des phanères ni de lésions muqueuses. L’examen histologique de la biopsie de la tumeur de la main a conclu à un CE bien différencié. Par ailleurs, le patient signalait qu’il n’avait pas de lésions préexistantes et niait tout traumatisme au siège de la tumeur. Après une enquête de pharmacovigilance, ces manifestations dermatologiques ont été rattachées à la prise au long cours de l’HU. Notre conduite était d’arrêter l’HU, de faire un bilan d’extension du CE qui était négatif et une exérèse carcinologique du CE.

Discussion

L’HU est un antimétabolite non alkylant qui intervient dans le cycle cellulaire en inhibant une enzyme, la ribonucléotide réductase. Il est utilisé pour la prise en charge des leucémies, la drépanocytose et les syndromes myéloprolifératifs. Bien que l’HU soit efficace, facile à utiliser et ait une bonne tolérance, de nombreuses complications cutanées ont été signalées chez des patients traités par HU au long cours. Il est suggéré que sa toxicité cutanée est un processus cumulatif à long terme et persistera après son retrait, qui pourrait être défini comme une toxicité tardive. Les effets indésirables cutanés les plus fréquents comprennent les ulcères de jambe, une hyperpigmentation, une xérose, une alopécie, une atrophie de la peau, des modifications unguéales et une kératodermie palmoplantaire. Les plus évocateurs de ces effets sont la poikilodermie et les pseudo-papules de Gottron, observés chez notre patient. Cependant, le plus sévère de ces effets est la survenue de carcinomes cutanés, bien que rare. À ce jour, une vingtaine de cas, y compris notre patient, de CE cutané lié à l’HU ont été rapporté. L’exposition solaire potentialise cette carcinogenèse sur les zones photoexposées. Chez notre patient, le CE était situé sur une zone découverte et le rôle potentiel du soleil ne peut pas être exclu. Ainsi, une protection régulière contre les rayons UV doit être soulignée, et le retrait de l’HU doit être discuté une fois un CE est décelé.

Conclusion

À travers notre observation, nous préconisons que la prescription de l’HU au long cours nécessite une surveillance par un examen dermatologique bi-annuel à partir de la 5e année de traitement et même après l’arrêt.

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Plan


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Vol 41 - N° S

P. A195 - décembre 2020 Retour au numéro
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