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Prédiction du développement de l’encéphalopathie hépatique au cours des atteintes hépatiques aiguës sévères - 19/12/20

Doi : 10.1016/j.revmed.2020.10.173 
S. Bradai 1, , A. Khsiba 2, M. Mahmoudi 3, A. Ben Mohamed 4, M. Medhioub 5, M.L. Hamzaoui 5, M.M. Azzouz 5
1 Gastro-entérologie, hôpital régional Mohamed Taher El Maamouri, Nabeul, Tunisie 
2 Gastroenterologie, hôpital universitaire Mohamed Taher Maamouri, Nabeul, Tunisie 
3 Gastro-entérologie A, CHU La Rabta, Gouvernorat de Tunis, Tunis, Tunisie 
4 Gastro-entérologie, Nabeul, Tunisie 
5 Gastro-éntérologie, hôpital Mohamed Taher Maamouri, Nabeul, Tunisie 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

L’atteinte hépatique aiguë sévère (AHAI) est une inflammation aiguë du foie entraînant une perte de la fonction hépatique, y compris un trouble de l’hémostase et une élévation marquée des enzymes hépatiques sans maladie hépatique préexistante. Le facteur important qui conditionne le pronostic de l’AHAS reste l’apparition d’une encéphalopathie hépatique et donc la progression vers une insuffisance hépatique aiguë (IHA). La prise en charge dépend de la gravité des lésions hépatiques allant du simple suivi à la transplantation hépatique. L’objectif de ce travail est de rechercher les facteurs prédictifs du développement de l’encéphalopathie hépatique au cours de l’AHAS.

Patients et méthodes

Il s’agit d’une étude rétrospective colligeant les patients hospitalisés pour AHAS et IHA dans le service de gastro-entérologie de l’hôpital Tahar-Maamouri de Nabeul (Tunisie) entre janvier 2000 et décembre 2019. La définition de l’AHAS est biologique associant des marqueurs d’atteinte hépatique (élévation des transaminases) et des signes d’insuffisance hépato cellulaire (ictère et INR supérieur à 1,5). L’apparition d’une encéphalopathie hépatique (EH) traduit le passage vers une insuffisance hépatique aiguë (IHA) anciennement appelée hépatite aiguë grave.

Nous avons réparti nos patients en deux groupes :

– groupe 1 (G1) : patients qui ont développé une EH ;

– groupe 2 (G2) : patients qui n’ont pas développé une EH.

Nous avons réalisé une étude analytique comparant les deux groupes selon les données épidémiocliniques, biologiques et évolutives de leur maladie.

Résultats

Cinquante-neuf patients ont été colligés. L’âge moyen était de 35 ans avec une sex-ratio de 0,73 (H/F=25/34). L’alcoolisme était présent dans 10,5 % des cas. La symptomatologie clinique était représentée par l’ictère chez 54 patients (91,5 %), de la fièvre dans 25 cas (43 %) et des douleurs abdominales 26 cas (44 %). L’origine virale était la cause la plus fréquente (64,2 %) : hépatite virale aiguë A chez 15 patients (25,4 %), hépatite virale B chez 18 patients (30,5 %), hépatite virale C chez 4 patients (6,7 %) et une infection par herpès simplex virus dans 1 cas (1,6 %). Une lésion hépatique d’origine médicamenteuse (DILI) a été observée dans 8 cas (13,55 %), une hépatite auto-immune dans 4 cas (6,7 %), un syndrome de Budd–Chiari aigu dans 2 cas (3,2 %), une insuffisance cardiaque aiguë 2 cas (3,2 %), métastases hépatiques dans 1 cas (1,6 %), l’étiologie n’a pas été identifiée chez 4 patients (6,7 %). Concernant le DILI, il était dû au paracétamol (n=1), à la méthyldopa (n=1), à l’isoniazide (n=2), aux anesthésiques (n=2), à la clarithromycine (n=1) et au amiodarone (n=1). La survenue d’une encéphalopathie hépatique a été observée chez 15 patients (25,4 %) avec un intervalle de survenue de 2,75jours±6,68 (1–30jours). Elle a été classée : grade 1 chez 2 patients (13,3 %), grade 2 patients sur 6 (40 %), grade 3 chez 7 patients (57,7 %) selon la classification de West Haven. Un décès a été rapporté chez 6 patients (10,1 %) ayant développé une EH. En analyse univariée, la survenue de l’EH était statistiquement associée à un taux d’INR supérieur à 2,45 %, un taux de bilirubine supérieur à 230μmol/L, un taux d’urée supérieur à 5,5mmol/L et un score MELD supérieur à 26,5 (p=0,017, p=0,001, p=0,0001, p=0,001 respectivement). Le délai entre l’apparition des symptômes et le diagnostic était plus long dans le groupe 1 (14,13 vs 7,36jours) avec une différence significative (p=0,004). L’âge était plus avancé dans le groupe 1 sans différence significative (33,43 vs 41,1, p=0,143). L’hépatite auto-immune et la cause indéterminée étaient associées à l’apparition d’une EH (respectivement p=0,03 et p=0,044). Aucune différence significative n’a été retrouvée concernant le sexe, le diabète, le taux des leucocytes et des plaquettes. En analyse multivariée, seule une étiologie auto-immune et un taux d’urée supérieur à 5,5mmol/L étaient significativement associées à la survenue d’une EH, respectivement p=0,021 et 0,003.

Conclusion

Les AHAS restent une maladie rare dominées par l’origine virale dans notre pays. Les facteurs prédictifs de l’EH sont importants pour identifier précocement les patients nécessitant une transplantation hépatique urgente.

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