Recherche en psychologie et réflexion éthique sur la demande de consentement - 15/12/20
Psychological research and ethics of the request for consent
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Résumé |
Contexte |
Toute activité de recherche nécessite une demande de consentement des sujets participants, lorsque des données à caractère personnel sont étudiées. Certains textes interrogent le consentement et ses modalités d’application en psychologie clinique, et mettent en lumière les effets potentiellement néfastes d’une telle demande lorsqu’elle est envisagée en dehors de la relation thérapeutique et de ses enjeux transféro/contre-transférentiels. Dans le cadre d’une recherche portant sur une pratique auprès d’une population migrante en très grande précarité et vulnérabilité, les enjeux et modalités spécifiques d’une demande d’un consentement pour participation à une recherche ne semblent pas encore avoir été investigués.
Objectifs |
Ce texte tente de définir les dilemmes éthiques soulevés par une demande de consentement auprès de sujets en migration, vulnérables et précaires. Il vise à dégager des éléments cliniques et théoriques qui permettraient de penser une position éthique du psychologue, à même de satisfaire à la fois aux exigences du chercheur et à celles du clinicien, exigences parfois antinomiques et en conflit.
Méthode |
La réflexion éthique proposée s’appuie sur un corpus théorique issu du champ de la psychanalyse ainsi que de celui de la philosophie pour tenter d’aborder la complexité de la problématique éthique soulevée. Le texte explore notamment les concepts fondamentaux du bien, du mal, du désir, tels que proposés par Spinoza, J. Lacan et H. Arendt. Cette réflexion s’appuie également sur les écrits d’E. Levinas autours du visage comme incarnation de l’altérité, pour proposer une réponse en terme d’éthique de responsabilité.
Résultats |
Toute discussion éthique suppose de se positionner et de tenir un choix sur une problématique qui fait débat. Le choix décidé quant à l’inclusion ou la non inclusion d’un participant à la recherche, ainsi que celui de la forme et de la temporalité de la demande de consentement, s’envisagent dans une délibération intérieure, au cas par cas, faisant place à la complexité des considérations transféro/contre-transférentielles (dépendance, domination/soumission, crainte, témoignage, responsabilité). Il s’agit également de prendre en compte dans le choix attendu les aspects socio-politiques liés à la clinique particulière des migrants en situation de grande précarité.
Conclusion |
Pour sortir du silence quant aux problèmes humains fruits de l’exil, de l’exclusion et de la précarité, la demande de consentement s’envisage dans son contexte social et au cœur de la pratique du psychologue qui s’engage pour des marges de libertés dissidentes, tout en préservant le soin, l’écoute, et la discrétion. Un positionnement éthique du clinicien-chercheur nécessite donc d’aménager les conditions d’obtention de la demande de consentement, parfois même d’y renoncer ainsi qu’au matériel clinique, au cas par cas, en prenant en considération les spécificités transféro/contre-transférentielles de la clinique étudiée. Ce positionnement nécessite d’envisager les conflits nés de la confrontation entre les exigences d’une position d’écoute clinique, envisagée du côté du féminin, de la réceptivité, de la discrétion, et du soin, et celles d’une position de chercheur plus phallique, faite de révolte et de responsabilité, « parlante » et agissante.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Abstract |
Context |
Any research activity requires a request for consent from the participating subjects, when personal data are studied. Some texts question consent and its methods of application in clinical psychology, and highlight the potentially harmful effects of such a request depending on the therapeutic relationship and its transference/countertransference issues. In the context of a research with migrants, undocumented, extremely vulnerable individuals, the specific issues and methods of requesting consent do not yet seem to have been investigated.
Objectives |
This text attempts to define the ethical dilemmas raised by a request for consent with migrant, vulnerable and precarious subjects. It aims to bring out clinical and theoretical elements which would make it possible to think of an ethical position for the psychologist, capable of satisfying both the requirements of the researcher and those of the clinician, requirements which are sometimes contradictory and in conflict.
Method |
The proposed ethical reflection is based on a theoretical corpus from the field of psychoanalysis as well as the field of philosophy, in an attempt to address the complexity of the ethical issue raised. This ethical reflection explores the fundamental concepts of good, evil, and desire, proposed by Spinoza and taken up by J. Lacan and H. Arendt. This text considers E. Levinas’ writings about the face, incarnation of otherness, to propose an answer in terms of ethics of responsibility.
Results |
Any ethical discussion involves a choice. The choice made regarding the inclusion or non-inclusion of a research participant, as well as the choice made of the form and timing of the request for consent, are considered, case by case, depending on transference/countertransference considerations (dependence, domination/submission, fear, testimony, responsibility). It is also necessary to take into account the socio-political aspects linked to the particular clinic of migrants in very precarious situations.
Conclusion |
To break the silence surrounding the human problems resulting from the exile, the exclusion and the precariousness, the request for consent is considered in its social context and at the heart of the practice of the psychologist who speaks up for places for dissenting freedoms but does not forget to ensure care, listening, and discretion. An ethical positioning of the clinician-researcher therefore requires adjusting the conditions for obtaining the request for consent, sometimes even renouncing it as well as renouncing the clinical material, on a case-by-case basis, taking into account the specificities of the transference/countertransference issues of the clinic studied. This positioning requires considering the conflicts raised by the confrontation between the requirements of a clinical listening position, considered from the feminine side, receptivity, discretion, and care, and those of a researcher position. More phallic, made up of revolt and responsibility, “speaking” and active.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Consentement, Éthique, Précarité, Recherche, Vulnérabilité
Keywords : Consent, Ethics, Insecurity, Research, Vulnerability
Plan
Vol 4 - N° 3
P. 394-399 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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