On pensait le genre binaire et immuable, or les personnes trans, ou non cisgenres, en remettent en question l’essence-même. Pour que nos pratiques thérapeutiques s’adaptent et cessent enfin d’être maltraitantes, elles doivent repenser le genre. Mais elles ne peuvent plus se limiter à interroger les termes du système, elles doivent le questionner profondément. Le point de départ de ce travail est l’expérience des personnes trans.

Cet article tente d’intégrer la théorie de la performance de Judith Butler à une vision phénoménologique et développementale de l’expérience de l’individu non cisgenre. Il propose d’ajouter la notion de traduction afin d’appréhender de la marge de création individuelle face au système de genre.

Il développe une réflexion théorique à partir de travaux de recherche empiriques en théorie ancrée, phénoménologie et recherche participative ainsi que de l’expérience clinique de l’auteure.

L’expérience des personnes trans débute par le ressenti de ne pas correspondre aux attentes du système de genre. Elle se heurte ensuite au besoin de reconnaissance. Dans ce contexte, il nous faut comprendre les parcours médicalisés modifiant les corps. Négocier avec le système de genre aboutit à trois types d’arrangements : binaire, non binaire et neutre. Ils sont le fruit d’un processus de traduction/performance dans lequel tout genre réduit les possibles de l’existence.

Une pratique clinique affirmative doit penser le genre hors d’une conception binaire et stable. Elle doit l’envisager comme un rapport d’adéquation/inadéquation aux structures de représentation et de pouvoir. Dans ce but, elle doit entamer une réécriture de ses bases théoriques et de son propre rapport au système de genre.

The gender system was thought to be binary and immutable. Trans, or non cisgender, people are questioning the essence of gender. In order for our therapeutic practices to adapt and finally stop mistreat transpeople, they need to rethink gender. But they can no longer limit themselves in questionning the terms of the system, they must question its foundations. The starting point for this work is the experience of trans people.

This article attempts on the one hand to integrate Judith Butler's theory of performance with a phenomenological and developmental view of the non cisgender experience. On the other hand, it proposes to add the notion of translation, necessary for the apprehension of the margin of individual creation within the gender system.

It draws a theoretical reflection based on empirical research in grounded theory, phenomenology and participatory research as well as on the author's clinical experience.

The experience of trans people begins with a sense of not fitting into the expectations of the gender system. It then encounters the need for recognition. In this context, we need to understand the medicalized pathways modifying bodies. Negotiating with the gender system results in three types of arrangements: binary, non-binary and neutral. They are the result of a translation/performance process in which all genders reduce the possibles of existence.

An affirmative clinical practice must think outside of a binary and stable conception of gender. It must view it as a fit/not fit relationship to structures of representation and power. To this end, it must begin to rewrite its theoretical foundations and its own relationship to the gender system.