Dans la première moitié du III^e millénaire avant J.-C., les communautés paysannes et métallurgistes d’Occitanie (sud-est de la France) ont produit et dressé un grand nombre de stèles anthropomorphes sur leurs territoires respectifs : le Rouergue et le Haut-Languedoc pour la culture des Treilles, le Bas-Languedoc pour la culture de Fontbouisse. Plusieurs de ces objets en pierre affichent de singulières marques au niveau du visage : périnasales dans un cas, circumoculaires dans l’autre. De tels motifs peuvent être identifiés comme des représentations de tatouages ou de scarifications. Ils sont la partie la plus manifeste du système d’oppositions que révèle l’analyse structurale des stèles conçues par les deux ensembles culturels. Ces derniers auraient ainsi matérialisé dans leurs choix respectifs d’expression plastique un antagonisme probablement axé autour de l’exploitation du cuivre du Massif central, sur un modèle proche de celui mis au jour par Claude Lévi-Strauss chez les indiens de Colombie-Britannique.

In the first half of the 3rd millennium BC, the peasant and metallurgical communities of Occitania (southeastern France) produced and erected a large number of anthropomorphic stelae in their respective territories: Rouergue and High-Languedoc for the Treilles culture, Low-Languedoc for the Fontbouisse culture. Several of these stone objects display particular marks on the face: “périnasales” in one case, “circumoculaires” in the other. Such patterns can be identified as representations of tattoos or scarifications. They are the most obvious part of the opposition system revealed by the structural analysis of the stelae designed by the two cultural groups. The latter would thus have materialized in their respective choices of plastic expression an antagonism probably centered around the copper mining in the Massif Central, on a model close to that brought to light by Claude Lévi-Strauss among the Indians of British Columbia.