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Ostéomyélite de la mâchoire : septique ou aseptique ? - 30/11/20

Doi : 10.1016/j.rhum.2020.10.169 
P. Preuss 1, , H. Bertin 2, P. Corre 3, B. Le Goff 4
1 Rhumatologie, C.H.U. Hôtel Dieu, Nantes 
2 Chirurgie maxillo-faciale, CHU Nantes-Hotel Dieu, Nantes 
3 Stomatologie et chirurgie maxillo-faciale, CHU de Nantes Hôtel-Dieu, Nantes 
4 Service de rhumatologie, C.H.U. Hôtel Dieu, Nantes 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

L’ostéomyélite aseptique de la mâchoire est une pathologie rare et le diagnostic différentiel avec l’ostéomyélite infectieuse peut s’avérer complexe. Notre étude avait pour but d’analyser les différences caractéristiques cliniques, radiologiques et thérapeutiques permettant de différencier une étiologie septique et aseptique et de proposer une stratégie de prise en charge face à une suspicion d’ostéomyélite de mâchoire.

Patients et méthodes

Nous avons mené une étude rétrospective sur une série de patients suivis pour une ostéomyélite de la mâchoire. Le recueil de données s’est fait par extraction de dossiers patients par codage PMSI et par recherche de mots clés « ostéite » et « ostéomyélite » entre 2007 et 2020.

Résultats

Soixante-trois patients avaient une ostéomyélite de la mâchoire. Dix-sept patients ont été exclus car l’ostéomyélite était secondaire à une fracture ou une chirurgie. Au total, 19 patients avaient une ostéomyélite septique et 24 patients une ostéomyélite aseptique dont 7 dans le cadre d’un syndrome SAPHO et 2 ostéites chroniques multifocales récurrentes (OCMR). La présence d’un écoulement intra-buccal (p<0,001), d’une fistule (p=0,029) ou d’une ulcération muqueuse (p=0,004) était évocatrice d’une étiologie infectieuse. Les lésions d’ostéomyélites aseptiques étaient typiquement condensantes (p<0,001) avec une hyperostose (p<0,001), contrairement aux lésions d’ostéomyélites infectieuses qui étaient sur la portion dentée de la mandibule, lytiques (p=0,014) et parfois associées à un abcès des parties molles (p=0,016). La présence d’une fibrose des espaces médullaires (p=0,001) et d’un infiltrat mononucléé (p=0,024) sur les analyses histologiques permettait d’orienter le diagnostic vers une étiologie aseptique, alors qu’un infiltrat polynucléaire (p=0,007) avec amas bactérien (p=0,002) orientait vers une étiologie septique. De manière intéressante, les germes retrouvés dans les prélèvements osseux n’étaient pas différents dans les deux groupes, il s’agissait en très grande majorité de bactéries commensales buccales. Cependant, l’analyse bactériologique permettait d’adapter l’antibiothérapie aux germes retrouvés lors des ostéomyélites septiques. Les antibiotiques n’étaient pas efficaces dans le groupe aseptique contrairement au groupe septique (p=0,036). Les traitements à visée rhumatologiques tels que les AINS, les corticoïdes, les bisphosphonates et les biothérapies semblaient encourageants, mais le faible effectif de notre étude ne permet pas de conclure à une efficacité.

Conclusion

L’ostéomyélite aseptique de la mâchoire reste rare mais de diagnostic difficile. Notre étude a permis de décrire des critères cliniques, histologiques et d’imagerie permettant d’orienter le diagnostic étiologique face à une suspicion d’ostéomyélite. Les patients étant adressés de manière plus fréquente aux chirurgiens maxillo-faciaux, il est important de solliciter un rhumatologue à la recherche d’une pathologie systémique associée. Les AINS, biothérapies et bisphosphonates semblent efficaces mais des études prospectives à plus grande échelle restent nécessaires.

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Vol 87 - N° S1

P. A98 - décembre 2020 Retour au numéro
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